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Absentéisme

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Publié dans La Lettre du GCCG

Les coûts de l’absentéisme en France, pour 2012, sont évalués à 16 milliards d’euros pour le secteur privé.

L’évaluation des coûts pour le secteur public n’est pas publiée très lisiblement, mais le coût est estimé au double de celui du secteur privé.

Ce qui ferait, pour 2012 un total approximatif d’absentéisme en France de l’ordre de 50 milliards.

Lorsque l’on sait les difficultés économiques du Pays, sa baisse de compétitivité, la recherche constante d’économies, tant dans le secteur public que privé, on ne peut que s’émouvoir de ce chiffre.

Les progrès de la médecine et de la santé publique, sont en totale contradiction avec la réalité de l’absentéisme pourtant toujours lié à la santé des salariés et fonctionnaires.

Que cache l’absentéisme ? Un état de santé défaillant : Les « absents » dans leur vaste majorité, ont un problème de santé.

Sentiment de fatigue générale, symptômes dépressifs, infections virales ou bactériennes, stress, « petites maladies courantes » et bien sûr le plus souvent, le grand absentéisme est dû à des maladies importantes, chroniques ou des suites d’accidents.

Rares sont ceux qui s’absentent « pour rien » ou juste par manque de conscience professionnelle.

Un « désamour pour son travail » : Les absents plus que les autres n’aiment pas trop leur travail ou mission.

Ils travaillent pour « le chèque de fin de mois », le plus souvent en service minimum.

S’absenter leur permet de « respirer », et de s’éloigner temporairement de la cause principale de leur mal-être, leur travail qu’il n’aime pas.

Un désamour pour l’Entreprise, la fonction, l’équipe : Les absents ont souvent un lien affectif négatif avec leur entreprise, fonction ou équipe, dans lesquelles ils se sentent mal, peu appréciés, peu valorisés, peu reconnus.

Un sentiment d’inutilité de leur travail, mission ou emploi : Certains absents ressentent souvent un fort sentiment d’inutilité de ce qu’ils font et sont à l’opposé de se sentir « indispensables »… Au-delà des stéréotypes et des opinions plaçant la « responsabilité » de l’absentéisme tantôt chez les employeurs (conditions de travail, organisation, pénibilité, bas salaires), tantôt chez les employés (dégradation de la conscience professionnelle, perte de motivation, irresponsabilité), il conviendrait de s’interroger sur la dégradation qui s’opère et de rechercher des solutions intelligentes.

Lorsque la question est abordée un radicalisme des opinions apparaît, et avec lui des « jugements de valeur », les uns trouvant que l’absentéisme est « normal » les autres « anormal », mais il est avant tout « un fait ».

Le fait de l’absentéisme créé des dysfonctionnements, des contentieux entre collègues, avec les clients ou usagers, et dans la très vaste majorité des cas, pénalise le corps social, mais jamais les individus.

Alors se pose la question de ce qui a été mis en évidence il y a de nombreuses années, appelé « la tragédie des biens communs ».

Le postulat est simple.

Tout ce qui appartient à tous est susceptible d’être utilisé par tous même si le profit personnel s’exerce aux dépens de la communauté qui en subit les coûts de plus en plus élevés.

Dans le cas de l’absentéisme, c’est un droit collectif, dont chacun peut bénéficier sans pénalités, mais qui dessert le collectif sans répercussion immédiate sur l’individu.

La tragédie des biens communs est une menace constante dans les corps sociaux, car elle devient une réalité chaque fois que les intérêts personnels sont en contradiction avec les intérêts collectifs, ce qui se produit souvent, l’oblativité (faire passer les intérêts du collectif avant les siens propres), n’étant aucunement une valeur courante.

Cette tragédie s’accompagne du phénomène de « dissonance cognitive » par laquelle les individus rationalisent leurs comportements en minimisant ou « arrangeant » leurs valeurs morales.

Ainsi, alors même que l’on se veut moralement irréprochable, on considérera que « profiter d’un avantage collectif » est en soi « naturel », et l’on trouvera plein de bonnes raisons pour le faire, à commencer par le fait que beaucoup le font… Dans ces conditions la spirale de l’absentéisme ne peut que s’élargir et se précipiter, augmentant ainsi le coût pour la collectivité.

La prise de conscience individuelle de l’impact collectif de l’absentéisme passe par une « dé-radicalisation » des opinions sur le sujet, et une véritable responsabilisation des individus dans leurs fonctions, missions et « production ».

Dans les corps sociaux où les individus se sentent nécessaires, responsables et utiles, l’absentéisme est toujours inférieur à la moyenne.

Toutefois, il arrive que des personnes aient le sentiment que ce n’est pas parce qu’elles ne s’absenteront pas, que le problème global disparaîtra.

Il faut peut-être leur rappeler la métaphore du colibri.

Un gigantesque incendie dévaste la forêt.

Tous les animaux se réfugient dans la rivière qui la traverse.

Tous discutent du grand malheur qui les frappe.

Seul un colibri fait un va-et-vient constant de la rivière à l’incendie, prenant quelques gouttes d’eau dans son bec pour les lâcher sur les flammes.

Excédés par son manège les grands animaux le tancent : « Tu ne crois tout de même pas que tu vas éteindre tout seul cet incendie avec les quelques gouttes que tu transportes ! »… Non, répond le colibri, « mais je fais ma part » Très cordialement, Gdc