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PONDERATION ETHIQUE

Le Groupe Gérard Carton vous propose tous types de lectures, longues ou brèves, souvent teintées d'humour mais toujours sérieuses...

Il s’agit du phénomène par lequel « être bon peut rendre mauvais » . Fondamentalement, parce que vous êtes quelqu’un de « bien » et que vous avez fait des choses « bien », alors votre inconscient vous autorise à faire quelque chose de « pas si bien que cela » dans le futur. C’est un processus mental inconscient amenant une personne ayant (à juste titre) une image positive d’elle-même à s’autoriser des comportements immoraux ou faire des choix non éthiques.

L’extrême est caractérisé par ces « prédicateurs », certains très célèbres, donnant chaque semaine des sermons moraux et dont on découvre une vie dissolue par ailleurs. À ne pas confondre avec les tartuffes qui tiennent un discours et cachent leur jeu. Ceux-là le font très consciemment. Tartuffe sait qu’il est tartuffe.

La Pondération éthique est inconsciente .

En voici quelques exemples :

• Il est observé que les personnes qui commandent un Coca zéro dans un fast-food commandent / consomment aussi de la nourriture plus riche en calories et risques de cholestérol.

• Il est observé que les recruteurs participant activement à la lutte contre le sexisme dans les entreprises recrutent plutôt des hommes pour des postes à responsabilité managériale d’équipes difficiles.

• Il a été mis en évidence que des personnes ayant voté pour Obama ont par la suite tenu des propos racistes et que de façon générale, des personnes qui affichent leur désaccord avec des propos racistes sont inconsciemment amenées à des pratiques de discrimination.

• Des parents résolument anti-châtiment corporel s’autorisent une fessée.

La pondération éthique a été mise en évidence dans toutes les cultures, et bien sûr est présente en Entreprise.

• Un collaborateur plutôt dévoué se retrouve à critiquer son boss à la machine à café.

• Un commercial impliqué « critique » son employeur ou son Entreprise chez un client.

• Une assistante dans la confidence brise un secret avec un collègue ou ancien collègue.

Les petites (et parfois grandes) trahisons, déloyautés, procèdent souvent de la pondération éthique.

Comme le citoyen scrupuleux qui se gare en double file, la personne ayant agi sous l’influence de la pondération éthique estime rétrospectivement que ce n’est pas si grave et en tout cas pas à la hauteur de tout le bien qu’elle a fait et de l’éthique générale qu’elle a démontrée dans plusieurs circonstances.

Ce mécanisme est souvent l’explication des comportements de personnes ayant franchi la ligne jaune et qui n’en éprouve aucune honte ou remords.

Comment faire échec à la pondération éthique ?

  1. D’abord prendre conscience de cet effet inconscient.

    • Faire le bilan de l’estime de soi. Plus elle est grande, plus il y a de chances statistiques d’être sujet à la pondération éthique.

    • Repasser en mémoire les actes que l’on a commis et qui ne sont pas en ligne avec nos standards éthiques. Les regarder sans complaisance et sans s’absoudre ni se sentir coupable. Simplement faire un constat factuel.

  2. Ensuite, bien repérer les lignes jaunes et au besoin les raviver, en prenant le temps de se remémorer ce que sont les éléments clés et essentiels de notre éthique. Bien se pénétrer de ce que sont nos principes et nos valeurs dans ce qu’ils ont de positif.

  3. Enfin, avant de passer une ligne jaune , se l’interdire consciemment, au lieu de laisser l’inconscient faire son œuvre de pondération.

C’est très simple et aisé. Cela n’a qu’un inconvénient. Cela enlève du « fun » dans la vie, car il ne vous aura pas échappé que souvent, la pondération éthique est ce qui donne du fun. Cela d’autant lorsqu’elle rejoint un autre phénomène « l’homéostasie du risque » par lequel intuitivement on fixe le niveau de risque acceptable que l’on est prêt à prendre pour obtenir une satisfaction. Les excès de vitesse circonstanciels faits par des conducteurs généralement prudents s’expliquent autant par la pondération éthique que par le calcul du risque pris en regard des faibles chances d’être contrôlé et sanctionné.

“Les grands hommes sont soucieux d'éthique, les petits d'étiquette.”

Claude Frisoni / Pièces montées

En vous souhaitant une bonne reprise…

Gdc

Lettre du GCCG - Août 2017