Groupe Gérard Carton
La passion des solutions

Conduire le changement...

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La nécessité d’un changement n’en fait jamais l’acceptation. D’abord parce que c’est le premier argument présenté pour les changements pénibles, « on n’a plus le choix ». , ensuite parce que l’on peut toujours vous reprocher de n’avoir pas anticipé !
L’utilité et l’intérêt (le bénéfice) d’un changement sont les seuls arguments susceptibles de le faire accepter. Plus le changement est « important » ou « pénible », plus c‘est vrai. C’est d’ailleurs très logique : ce qui est pénible demande des efforts, et dans notre culture tout effort s’accompagne d’une attente de récompense, et pas seulement l’accès au paradis.
La « nécessité » doit donc être traduite en « utilité » et « intérêt / bénéfice », pour qu’un changement soit accepté, et moins on parle de « nécessité », plus la compréhension des personnes concernées augmente.
Si l’on prend l’exemple de la réforme des retraites : le « grand » changement conduit par l’exécutif, a été placé sous le signe de l’absolue nécessité. C’est bien sûr contesté par beaucoup, y compris ceux qui savent très bien que le système par répartition n’est pas viable en l’état, vu le nombre de cotisants en réduction par rapport au nombre de retraités en augmentation. Les actifs paient les retraites des retraités. On ne « cotise pas » pour « sa » retraite, on s’ouvre des droits à la retraite que paieront les futurs cotisants.
Effectivement, l’allongement de la durée de vie fait que l’on touche une retraite bien plus longtemps que lorsque le système par répartition a été conçu.
Il conviendrait donc d’ajuster soit le montant des retraites, soit leur durée.
Ajuster les montants serait injuste et inacceptable par beaucoup, sinon tous.
Ajuster la durée est la meilleure hypothèse de travail.
Qu’elle est l’utilité de cette « solution ». ?
D’abord maintenir, voire sauver, le système par répartition, qui est profondément social et plus « juste » que tout autre système, notamment la capitalisation par laquelle les inégalités sociales sont augmentées. Les « petits » salaires sont désavantagés parce que la capacité d’épargne est faible.
Quel est l’intérêt (bénéfice) de cette « solution ». ?
1- Le sauvetage du système par répartition garantit de recevoir une retraite alors que sa mise en péril augmente le risque de ne pas en recevoir.
2- Travailler deux ans de plus pour être assuré de recevoir une retraite pendant une durée moyenne de 21 ans est un « bon deal ». (Retour de 1050% sur investissement)
3- Augmenter de deux ans l’âge de départ à la retraite permet de ne pas recourir à la dette pour verser les retraites, et donc de ne pas l’alourdir pour, notamment, nos enfants qui auront à la régler. (La part de la population française ne souhaitant pas d’enfant est de 5%)
4- 2 ans de production de plus au niveau national sont un gain pour l’ensemble de la population, les jeunes, les actifs et les retraités. 2 années de production de plus, c’est 6000 milliards, le double de la dette actuelle)
Le discours sur la « nécessité » a enclenché la « résistance ». C’est pratiquement toujours le cas.
Il est beaucoup plus porteur de transformer les arguments de nécessité en synopsis d’avantages, de gains et d’intérêt. Je suis persuadé que les grands cerveaux qui nous gouvernent auraient pu trouver encore de nombreux avantages à mettre en avant plutôt que la sèche nécessité.
En entreprise, où le contexte est beaucoup plus simple que celui d’un pays entier et pour autant divisé, la conduite du changement par « nécessité » est d’autant plus à proscrire qu’elle ne fait pas rêver. …
Et souvenons-nous des bases en logique… Une condition nécessaire n’est pas nécessairement (si j’ose dire)
suffisante. En conduite du changement, c’est toujours le cas.
En vous souhaitant la réussite de vos changements. ,

Cordialement

Gérard-D Carton

La lettre du GCCG- Mars 2023- IV