Publié dans La Lettre du GCCG - Stratégies managériales
Quelles valeurs et grands principes vous guident dans l’exercice de vos fonctions ?
Je crois dans les vertus de la justice, de l’authenticité, de l’entre-aide, de la générosité exercées avec élégance, simplicité, sincérité. Ceci vaut autant pour nos hôtes que pour les collaborateurs de l’hôtel de Sers. Notre équipe de direction est solidaire. Cette solidarité embellit les rapports au quotidien entre nous, nos collaborateurs et nos clients. Satisfaire leurs attentes, leurs souhaits, sont nos priorités, notre raison d’être. Nous anticipons, nous veillons à ce que tout soit parfait, et adorons leur faire plaisir.
En synthèse, le grand principe qui me guide est celui du plaisir, que le travail soit toujours l’occasion de faire et se faire plaisir. Je suis heureuse de me lever tous les matins avec cette perspective constante.
Quelles qualités doit cultiver une dirigeante et sur quelles compétences s’appuyer ?
Savoir faire grandir ses collaborateurs, s’entourer de personnes qui aiment les gens, veulent toujours progresser. Il faut cultiver la justice, l’équité, « être juste » . Au-delà, être respectueuse des personnes, de leur travail, être exemplaire sur ce point et faire l’effort de les comprendre, de prendre leur perspective. Il ne suffit pas d’exiger pour obtenir, il faut accompagner, entraîner, enthousiasmer.
Nous sommes dans l’humain, et l’enthousiasme de chacun pour faire son travail est la clé de la réussite collective. Quand l’humain va tout va, et avec la bonne équipe travailler est un plaisir.
Enfin une dirigeante doit être disponible, intellectuellement et en présence. Ma porte est toujours ouverte, je suis plus souvent sur le terrain que dans mon bureau, je ne me sens pas « DG » , je me sens faire partie d’une belle équipe, et mon travail est de faire que nos collaborateurs puissent bien travailler, dans de bonnes conditions, et se sentent compris, entendus, épaulés…
In fine, les 3 qualités qu’une dirigeante doit cultiver sont :
- Etre Visionnaire pour motiver et guider les équipes.
- Etre un exemple pour communiquer les valeurs par l’action.
- Ecouter et se remettre en question perpétuellement.
Quelles sont vos grandes priorités et qu’attendez-vous de vos collaborateurs directs ?
Ma priorité est d’établir la plus grande cohésion d’équipe et de dégager une ambiance positive faisant que chacun est heureux de venir travailler. Je les aide à coacher plus que manager leurs équipes. Je crois en la responsabilité de chacun pour qu’un collectif réussisse, et pense qu’en l’Hôtel de Sers, chacun, dans son métier, se sent responsable du résultat final.
Nous avons des objectifs affichés de satisfaction totale de nos clients. Tout doit être parfait, aucun détail ne doit venir compromettre l’ensemble.
J’ai aussi pour priorité de faire ce que j’ai dit que je ferai, et j’attends la même chose de chacun des membres de notre équipe.
Enfin la profitabilité de l’Hôtel est une priorité, mais pour moi elle est la résultante d’un management intelligent, humain et responsabilisant.
En résumé, mes trois priorités :
- Satisfaire mes équipes pour qu’elles donnent le meilleur d’elles-mêmes.
- Satisfaire mes clients pour qu’ils reviennent.
- Satisfaire mon propriétaire pour qu’il ait confiance et me permettre d’investir.
De fait, j’attends de mes collaborateurs qu’ils proposent des solutions innovantes et travaillent en équipe pour que ces 3 priorités soient une réalité quotidienne.
Comment gérez-vous votre stress de Dirigeante et quelles satisfactions sont les vôtres dans votre rôle ?
Je fais du Yoga, je marche, et j’ai une vraie hygiène de vie. Je dors suffisamment et bien, une nourriture saine et équilibrée. L’enthousiasme est communicatif ; parce que nous avons, avec mes équipes du plaisir à travailler ensemble pour avoir des clients heureux, nous avons peu de stress, seulement beaucoup à faire.
Quels sont selon vous les éléments constitutifs de l’efficacité d’une équipe de Direction ?
Travailler ensemble avec des objectifs clairs. Savoir où l’on est, où l’on veut aller et comment. Constamment se rapprocher des objectifs, ne pas laisser le quotidien prendre le dessus, et pour autant être réactifs. Entretenir une relation de confiance et de réciprocité, dans laquelle chacun est satisfait du rôle qui est le sien, de sa relation avec ses collègues, et de l’utilité qui est la sienne pour que le collectif réussisse.
Si vous deviez donner un conseil à de jeunes managers appelés à prendre des fonctions de Direction, que leur diriez-vous ?
Pour commencer de ne jamais écouter les bruits de couloir et les médisances. Ceux qui viennent vous dire du mal d’autrui sont nocifs… Aucune complaisance à l’écoute des ragots. Ensuite n’avoir aucune honte à « ne pas savoir » , tout s’apprend, et l’on n’apprend bien qu’en étant conscient de tout ce que l’on ne sait pas. En quelques mots, « écoutez et soutenez vos équipes » .
Qu’y-at-il de difficile dans le rôle de dirigeante, qu’est-ce pour vous qu’un situation difficile ?
On n’a pas vraiment le droit à l’erreur et pourtant on doit innover, décider, orienter, prendre des risques…
En fait rien n’est jamais gagné, et chaque jour est un recommencement. Il faut aussi être et rester soi. J’ai de bonnes intentions, je suis bienveillante, et je ne tiens aucunement à « jouer un rôle » de dirigeante, en reprenant à mon compte les stéréotypes de la fonction. Pourtant, il y a des gens qui voudraient que l’on soit plus en phase avec ces stéréotypes, qui attendent de vous que vous vous conduisiez en « Chef » . Une des difficultés est de rester soi-même, de refuser de porter ces habits qui ne nous vont pas, et d’être acceptée en tant que tel.
Ce qui est très difficile à vivre, pénible, est lorsque l’actionnaire / le propriétaire n’est pas intéressé par l’entreprise, par sa mission, et qu’il n’attend que des marges sans d’ailleurs donner les moyens de les améliorer. On a l’impression de se voir confier la gestion d’un « jouet » , pas d’une Entreprise.
Enfin une des difficultés est de savoir bien s’entourer et de procéder à de bons recrutements et par voie de conséquence être confronté à l’incompétence.
Quelles évolutions a connues le rôle de dirigeant ces dernières années, et quelles évolutions voyez-vous se profiler ?
Je crois que le management autoritaire, statutaire, arbitraire a vécu. Aujourd’hui il faut du dialogue, et pour que les collaborateurs s’impliquent vraiment dans la réussite collective, il faut les associer à la réflexion, à la conception des changements envisagés, entendre leur idées, suggestions, et leur donner suffisamment d’autonomie pour qu’ils puissent prendre des initiatives, trouver des solutions au lieu de faire état de problèmes.
Je crois que de plus en plus le professionnalisme des collaborateurs rendra le job des dirigeants plus simple, plus agréable aussi, et le tournera encore plus vers l’avenir en ayant moins à gérer au quotidien.
Florence POLI a accepté de répondre, en associant librement une pensée à un mot :
Pourriez-vous nous faire part d’une ou deux anecdotes et du sens que vous leur accordez ?
Il y a quelques années, j’ai été confrontée à un patron de mauvaise foi. Il était manipulateur, hypocrite, et convaincu de son importance, de son pouvoir, qu’il a d’ailleurs transformé en pouvoir de nuisance.
Avec lui j’ai appris ce que je ne voulais pas être, cette sorte de chef à l’ego est destructeur et dévastateur de personnes.
Rétrospectivement je le plains, et lui suis reconnaissante d’avoir pour toujours installé en mon esprit cet anti-modèle.
Je sais aujourd’hui non seulement ce que je ne veux pas être, mais surtout ce que je veux être. Une dirigeante attentive, exigeante, juste, et inspirante du bonheur de travailler pour une belle Entreprise.
Propos recueillis par Gérard-Dominique Carton- GCCG
Août 2018