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XY, la Guerre des mondes

Le Groupe Gérard Carton vous propose tous types de lectures, longues ou brèves, souvent teintées d'humour mais toujours sérieuses...

Il y a les « Y » et les « X » , aux deux extrêmes de la courbe de Gauss représentant le spectre de la pensée managériale.

Les « Y » croient en la générosité, l’intelligence, l’implication, la fierté du travail, la bienveillance.

Les « X » croient au cynisme, à l’intérêt, à la malveillance, à la petitesse, à la combativité.

Au milieu, la vaste majorité de ceux qui partagent un peu ou beaucoup des croyances de deux mondes.

Les premiers sont minoritaires et taxés d’utopisme ou plus simplement de sottise par les seconds, qui dominent le monde managérial.

Le cynisme fait meilleure recette que la bienveillance. Il caracole avec les sarcasmes, les coups tordus, le bâillonnement des consciences, la soumission volontaire aux dictats de hiérarchies incertaines et vaseuses de petits chefs grands par leurs titres parfois, mais toujours médiocres par leurs motivations.

La plupart des outils managériaux sont forgés par des «X» et donnent naissance à des myriades d’indicateurs dits de performance tous plus fictifs les uns que les autres tant ils sont bâtis sur des pensées obsessionnelles dérivées de la recherche de gains strictement financiers. Ainsi, la notion de productivité est une fonction directement financière fondée sur une fraction « effectif/revenu » indépendamment de la valeur ajoutée des personnes et des équipes composant les fameux effectifs.

L’homme a tant besoin de se rassurer qu’il s’invente des repères, qu’il veut croire factuels, parce qu’ils sont des « chiffres » . Les chiffres parlent, par indicateurs interposés, et l’on invente des « process » allant toujours dans le même sens, plus de contrôles, plus de contraintes, moins d’autonomie, moins d’innovation, et souvent, moins de bon sens.

Les « X » sont convaincus de l’utilité des process, les « Y » convaincus de l’utilité de l’autonomie des collaborateurs.

Les « X » raisonnent à court terme, les « Y » raisonnent à moyen terme.

Les « X » gèrent les dépenses au plus près, recherchent des économies d’échelle, font des arbitrages budgétaires en raisonnant en coûts directs, ne prenant jamais en compte les coûts indirects et non financiers. Les « Y » pensent en « investissements » , font confiance aux collaborateurs pour éliminer les dysfonctionnements (premières causes de coûts dans les entreprises « X » ), écartent toujours les moins-disants dans les appels d’offres.

Les entreprises « X » s’organisent à travers une hiérarchie omniprésente, les entreprises « Y » s’organisent autour du client final.

Les entreprises « X » vont souvent jusqu’à pratiquer le « bottom 5 » comme politique managériale (Sanctionner / Licencier les 5% de collaborateurs les moins performants), alors que les entreprises « Y » pratiquent la responsabilisation d’équipes, et reconnaissent, y compris financièrement, la coopération entre unités, entre managers, entre collaborateurs.

Les entreprises « X » favorisent la précarité, ont un recours systématique à l’intérim, aux CDD, et chaque fois qu’elles le peuvent, délocalisent vers les pays où la main d’œuvre est à faible coût. Les Entreprises « Y » favorisent la sécurité, la formation, l’expérience, le développement des compétences et des personnes.

Les Entreprises « X » sont par définition cyniques, et le cachent sous une communication soignée et orientée « humain » . Les Entreprises « Y » sont par définition optimistes, et entretiennent un climat social serein et positif.

Le monde des Entreprises se fractionne, mais obéit aux mêmes lois, aux mêmes règlementations, aux mêmes contraintes administratives et juridiques, toutes issues de corps sociaux, l’Administration avec un grand A, qui est une caricature de la pensée « X » .

Il n’y a pas de hiérarchie plus pléthorique et omniprésente que dans l’administration, inventant chaque jour de nouvelles contraintes, de nouveaux règlements, de nouveaux « process » , pour toujours contrôler plus, encadrer plus, entraver l’autonomie, l’innovation et la créativité, non seulement de ses membres, mais totalement de ses « sujets » .

Cette administration conditionne la structuration en mode « X » de beaucoup d’entreprises qui se voudraient « Y » . Elle est aidée en cela par tous les gens qui voient la vie comme un combat permanent, une lutte de pouvoir incessante, et regardent le monde avec des lunettes noires, n’écoutant que la myriade d’informations négatives circulant en boucle dans les médias, notamment, mais aussi par les fameuses « radio-moquettes » de nombre d’entreprises.

Confiance, respect, honnêteté sont rangés dans le tiroir des fantasmes, et s’étalent sur les postes de travail « indicateurs chiffrés » , « règlements » , « procédures »

Le management depuis quelques années devient le monde hypocrite du matérialisme, par défaut de courage et de conscience, et se soumet volontairement aux dictats des « X » , et cela d’autant plus facilement qu’on lui a collé sur le dos une « boite à outils » d’une incroyable lourdeur.

Cette boite à outils censée être son « oxygène » , comme la bouteille du plongeur, le manager « X » l’a toujours sur le dos. Il doit notamment, chaque année procéder à l’évaluation de ses collaborateurs, et avec la contrainte d’une distribution gaussienne, comportant ses « bons » et surtout ses « mauvais » . Un manager qui n’aurait que des « bons » serait forcément taxé de laxisme ou, pire, d’angélisme. Quelques crans au-dessus de lui, un parfait technocrate se félicite de la belle distribution gaussienne des performances venant confirmer ce qu’il croit être une réalité, mais n’est en fait que le résultat évident de la contrainte de distribution.

Dans une entreprise « X » , chaque équipe devant comporter ses bons et ses mauvais, la performance est donc nécessairement moyenne, indépendamment des qualités et compétences des personnes, puisque le système mis en place force ce résultat. Cela, les entreprises « Y » l’ont compris. Elles acceptent que certains soient moins « bons » que d’autres, mais elles s’attachent à les rendre « meilleurs » . La philosophie « X » se dit réaliste, mais elle ne fait qu’entretenir et développer un monde rude, dans lequel l’homme est une ressource, voire un consommable, ayant moins de valeur que l’argent. La philosophie « Y » est humaniste, en cela elle demande du courage ; non pas celui qu’il faut pour dominer, mais celui qui consiste à prendre le risque de faire confiance à autrui. Les gens méfiants sont avant tout des capitulards.

Les « X » appellent prosaïsme leur cynisme, considérant que l’humain est un concept abstrait, opposé à la réalité de la dureté du monde du travail. Le monde est ce que l’on en fait.

La prise de conscience par le monde « X » de la médiocrité de ses valeurs n’est pas à attendre.

Le réveil des dirigeants et managers « Y » qui érigeront l’humanisme comme première valeur marquerait la seconde Renaissance comme au sortir de la féodalité.

Il serait utopique d’attendre de l’Administration que ses nombreux petits et grands chefs s’humanisent. Il serait fatal de se résigner à transformer les entreprises « Y » qu’il reste en « X » par lassitude.

La responsabilité des dirigeants n’a jamais été aussi grande qu’aujourd’hui, pour la préparation du monde qui accueillera ses enfants.

Puissent-ils dans leur majorité décider de se débarrasser du joug de l’utilitarisme, pour créer un monde du travail digne, responsable et humain.

Cordialement vôtre,

Gdc

GDC

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Gérard-Dominique Carton- La lettre du GCCG © « XY, quelle Entreprise est la vôtre ? »