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La stratégie du Pigeon

Le Groupe Gérard Carton vous propose tous types de lectures, longues ou brèves, souvent teintées d'humour mais toujours sérieuses...

Combien de fois avez-vous observé des personnes utilisant avec application la stratégie du pigeon ?

Avez-vous parfois, vous-même, recours à cette stratégie ?

La stratégie du pigeon a été mise en évidence par les comportementalistes, notamment Skinner, à partir d’une question qu’ils se sont posée.

Si l’on met un pigeon dans une boîte comportant un bouton d’action, que lorsque le pigeon donne un coup de bec sur ce bouton, des graines lui sont distribuées, très vite, le pigeon apprend à obtenir des graines en donnant un coup de bec sur le bouton. Que se passe-t-il si on supprime le bouton et que l’on distribue les graines de façon aléatoire toutes les 15 secondes ?

Dans ce cas, les pigeons adoptent un comportement pouvant être considéré comme erratique. Certains multiplient les battements d’ailes, d’autres tournent sur eux-mêmes, d’autres, comme Harry le pigeon, roucoulent en hochant la tête… Chaque pigeon ayant son « truc »

En fait, ils reproduisent le comportement qui était le leur lorsque les graines sont apparues. Ils sont persuadés qu’il y a un lien direct entre par exemple battre des ailes et recevoir des graines.

La concomitance est enregistrée comme « cause » .

Bien sûr, le quotient intellectuel du pigeon n’atteint pas les sommets des espèces animales, et l’on pourrait croire que « nous les humains » , sommes plus malin que ça.

Il n’en est rien. Les humains adoptent la stratégie du pigeon régulièrement et pour certains systématiquement.

Quelques exemples :

• Faire un lien de cause à effet entre un succès ou un échec et la façon dont on est habillé, le jour de la semaine, l’heure, la météo, la couleur des yeux de l’interlocuteur, des chiffres et la position des planètes.

• Faire un lien de cause à effet avec la réalisation d’un souhait / vœux et une date, une action spécifique, une posture…

• Un grand classique, l’effet placebo. Prendre un « médicament » et aller mieux de suite alors même que celui-ci n’a aucune vertu médicinale. (Même chose pour prendre un café afin de se booster).

La stratégie du pigeon engage sur la route de la superstition, des rituels fantasques et au-delà sur celle de la névrose avec ses troubles obsessionnels compulsifs. Elle est un biais psychologique fréquent par lequel on explique un résultat à partir d’une coïncidence ou d’une corrélation ce qui est tout de même plus confortable que d’accepter le hasard (combien pensent que le hasard n’existe pas), de correctement analyser les causes d’un échec ou d’un succès et ainsi faire preuve de discernement.

• S’il pleut, ce n’est pas parce que vous avez oublié votre parapluie.

• Les choses ne vont pas plus mal le lundi que les autres jours de la semaine.

Napoléon était superstitieux, et aurait déplacé le coup d’État initialement prévu le 17 au 18 brumaire parce que l’anagramme de 17, en chiffres romains, est « VIXI » (a vécu), et que cela augurait d’un mauvais présage. La bataille de Waterloo s’est déroulée un 18 juin.

La prochaine fois que vous observerez un hochement de la tête en roucoulant pour obtenir des graines, pensez à Harry.

Pour ceux qui ont besoin de se sentir bien avec la stratégie du pigeon, même si la connotation du mot est riche de conséquences pénibles, voici un lien réconfortant :

https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=7eUxDobmxxs

Bien cordialement,

Gérard-Dominique Carton

GDC

La minute de bon sens. Une publication du GCCG - juillet 2018