Un riche banquier de la ville de Naples sentant sa fin proche, confia son jeune fils aux religieux pour l’élever et le recevoir parmi eux, leur laissant tout son bien évalué à cent mille ducats, tout en stipulant que si son fils à sa majorité choisissait une autre voie, les religieux devraient lui rendre sa liberté et lui donner ce qu’ils voudraient.
Le fils, à sa majorité, décida de reprendre sa liberté, demanda son dû aux religieux qui lui attribuèrent dix mille ducats.
Mécontent de cette petite somme comparée à l’héritage laissé par son père, il fit appel à la justice du Duc D’Offone, alors Vice-Roi de Naples.
Les Pères plaidant devant lui présentèrent les termes précis du testament : « Vous lui donnerez alors ce que vous voulez ».
Le Duc prononça son jugement en ces termes : "Il est juste mes Pères que le testament fut exécuté. Il ordonne que vous donnerez au fils ce que vous voudrez. Des cent mille ducats qu’on vous a laissés, vous en voulez quatre-vingt-dix-mille. Il faut donc, puisque c’est ce que vous voulez, donner cette somme au fils, et que le reste soit pour vous."
“On juge du peu de cas que fait la providence
des richesses de ce monde
quand on voit à qui elle les donne.”
Jean de La Bruyère