Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Tentative d’humour - Communication - Réflexions et humanisme
Il y a la syntaxe, la grammaire, l’orthographe, les trois ne sont pas toujours respectés dans moult écrits.
Il y a les projets incessants de simplification de la langue et de son écriture… Par exemple supprimer « ph » le remplacer par « f » ; je ne sais ce qu’en penseront les « farmaciens », les « grafistes », et si les 38 655 mots français qui contiennent ce digramme cèderont à la simplification…
Il y a aussi l’écriture inclusive, encore au stade polémique sur sa légitimité, mais de moins en moins, et il est probable qu’elle s’imposera tout ou tard même si elle est vertement condamnée et critiquée par l’Académie française depuis le 7 mai 2021,(https://www.academie-francaise.fr/actualites/lettre-ouverte-sur-lecriture-inclusive), et par la loi concernant les textes officiels, les contrats, etc.
Et puis il y a cette forte sensibilité, importée des États-Unis, qui devient un quasi-must, dans le monde de l’édition, filtre dans celui de la Presse et touche les œuvres de la littérature et de l’opéra : le « sensitivity reading ».
Un nouveau métier apparaît… Le « sensitivity reader. », expert auto-proclamé, est chargé de lire avant publication et de supprimer tous les mots, pouvant offenser qui que cela soit. Son rôle est de dénicher dans les manuscrits des phrases, des mots, ou des situations qui pourraient blesser des minorités ethniques ou sexuelles et provoquer des polémiques.
Il y a la chasse aux mots comme « gros » (Obélix en risque), « handicapé », aux expressions jugées offensantes, « fille de joie », aux situations mettant en scène tout ce qui peut se rapporter au racisme, au sexisme, d’où ce débat récent sur l’horrible personnage capitaliste et raciste, que serait Robinson Crusoé.
Le collectif allemand Critical Classics vient de proposer une nouvelle version, épurée de toute forme de « sexisme » et de « racisme », de La Flûte enchantée de Mozart. Je me demande si le titre même ne devrait pas être changé. Nombre d’ouvrages classiques sont « révisés » et certains sont retirés des bibliothèques à défaut de pouvoir être apurés de toute offense possible. Leur sort est de finir au pilon.
La question se pose de savoir si d’ici quelques années le « sensitivity reading » va s’imposer dans l’entreprise et les organisations ? Les Dir Comm en lien avec les RH devraient alors employer un « spécialiste » chargé de réécrire : • Le règlement intérieur et le mettre en conformité avec les sensibilités du moment de sorte qu’il n’offense personne. • Les contrats de travail de sorte que des phrases offensantes sur les obligations contractuelles et les conditions de licenciement soient modérées. • Les fiches de poste, les feuilles de route, pour éliminer toute disposition de nature à offusquer celles et ceux qui à la lecture des obligations se sentiraient niés dans leur droit d’exister librement. • Toute la documentation interne en mode « écriture inclusive »
Et j’ai sûrement oublié des impératifs visant à préserver la quiétude et respecter la susceptibilité de tout un.e chacun.e… Le tact est à ranger au placard, la délicatesse s’impose, et trouvera son aboutissement dans le silence respectueux des émotions légitimes qu’il serait inconvenant de susciter par l’emploi d’expression et de mots d’une violence inouïe comme « travail », « ponctualité », « hiérarchie », « obligation », « devoir », et bien sûr « présence. ».
En vous souhaitant un agréable mois de mars...
Gérard-D Carton