Publié dans La Lettre du GCCG
S’appuyer sur le système de motivation pour faire évoluer les comportements, plutôt que de s’arque bouter sur l’adhésion primaire au résultat escompté.
Illustration : Jean est un citadin, cadre supérieur d’une entreprise connue.
Il possède une maison de campagne dans un village reculé, ce que l’on appelle parfois avec ironie, la France profonde… Depuis plusieurs années, il améliore cet espace de ressourcement et a développé une vraie passion pour les fleurs, et, l’agencement de son (grand) jardin.
Ses voisins, qui habitent tous le village en permanence, (il est le seul « citadin »), font plutôt pousser des légumes, ont tous quelques poules, et vivent en « campagnards ».
Seule ombre au tableau, les poules des voisins aiment aussi beaucoup les fleurs et les plantations de Jean, et ses « amis » campagnards ne font rien pour les retenir chez eux.
Les clôtures des poulaillers restent symboliques.
Jean a bien essayé de leur en parler, mais les voisins lui ont expliqué « qu’ici, c’est la campagne, et que les poules sont des poules, et qu’ils n’y peuvent rien… ».
Que peut faire Jean ? • Ignorer les dégâts, les relativiser, et effectivement considérer que « les poules sont des poules et que l’on n’y peut rien » • Faire appel au Maire, ou à un conciliateur juridique pour obtenir gain de cause ? Le Maire est un de ses voisins, et celui qui a le plus de poules baladeuses….
• Chasser les poules ? Acheter un chien ? Tendre des pièges ? Monter sa clôture à 5 mètres ? • Inviter ses voisins, faire « copain‐copain », parier sur le moyen terme et leur probable sympathie à son encontre ? • Faire appel au garde champêtre, à la gendarmerie ? Que va faire Jean ? • Développer une stratégie offensive ? • Développer une stratégie défensive ? • Prendre son mal en patience ? • Développer une stratégie en se fondant sur le système de motivation de ses interlocuteurs ? Chacun a sûrement une bonne idée de ce que recouvrent les trois premiers choix, et de leur efficacité potentielle.
Pour ce qui est du quatrième choix, s’il est celui de Jean, voici ce qu’il fera : En préparation de son prochain séjour, (hors week‐end de Pâques) il se rendra en ville dans un de ces magasins qui vendent des œufs « frais », avec encore de la paille collée.
Lorsqu’il arrivera, il posera discrètement quelques œufs, près des plantations qui lui tiennent à cœur, et suffisamment en évidence.
Le matin suivant, alors que ses voisins sont dans leurs jardins respectifs, Jean « découvrira les œufs », appellera sa femme et ses enfants, pour qu’ils viennent les ramasser avec lui.
Ils seront tous très enjoués, et s’auto‐congratuleront avec moult effusions.
Ce petit manège sera à répéter pendant deux ou trois jours.
Il ne faudra que ce temps là pour que les voisins s’assurent que leurs poules ne parviennent plus à aller « pondre » chez lui.
S’ils trouvaient amusant qu’elles abiment ses plantations, ils ne supporteront pas que Jean en conçoive le moindre avantage, ou dédommagement, et qu’au passage ils soient, eux, perdants d’œufs précieux.
Les poulaillers seront bien tenus, et les roses pourront éclore.
En guise de conclusion : Dans une démarche d’évolution comportementale, le système de motivation de nos interlocuteurs est à la fois le problème, et, la solution.
L’on me fera sans doute un procès en « manipulation », pour ce qui est du « quatrième choix ».
Il est donc recommandé, si l’on préfère les poules en liberté aux roses en bonne santé, d’oublier très vite cette anecdote.
Bien cordialement,