Publié dans La Lettre du GCCG - Outils managériaux - Stratégies managériales - Tentative d’humour
Comment être réellement « débordé » pour les nuls..
Le nombre de personnes débordées croît de façon exponentielle, ce qui est mathématique puisqu’une personne débordée a un impact sur l’activité de plusieurs personnes dans son environnement. Le débordement des uns fait celui des autres, c’est viral et pandémique.
Toutefois, certains ne sont que partiellement débordés, et manquent de professionnalisme dans la désorganisation de leurs activités.
Bien sûr, il existe des personnes ponctuellement débordées du fait de leurs responsabilités et activités variées et ceci ne s’adresse pas à elles…
Cette note a pour but de « professionnaliser » le désordre personnel et professionnel des « débordés », de leur permettre d’être, comme l’on dit aujourd’hui « au top ». et ainsi pouvoir pleinement profiter du chaos qu’ils entretiennent. *Il ne suffit pas de paraître débordé pour l’être. *.
Bien assimiler qu’être débordé est une osmose totale entre un état d’esprit et une méthode.
1- « Faire une « To do list » en format « Prévert ».. (Alternativement n’avoir aucune liste de rappel des activités essentielles)
Il n’y a pas besoin d’avoir beaucoup à faire pour être débordé. Ce n’est pas le volume des activités, engagements, tâches, contacts qui font que l’on est débordé, c’est la représentation que l’on s’en fait, le temps que l’on utilise pour les faire et les défaire et l’éparpillement que l’on perpétue.
2- « Prendre des engagements que l’on sait ne pas pouvoir tenir ».. Toujours dire « oui » aux sollicitations les plus diverses, surtout celles qui sont consommatrices du temps que l’on n’a pas. Ajouter un zeste de procrastination pour faire durer le plaisir.
3- « Ignorer volontairement la loi de Murphy ».. Sous-estimer systématiquement la durée devant être consacrée aux tâches et rendez-vous. Alternativement, bloquer une heure de votre agenda pour des tâches ou réunions ne méritant que 15 minutes.
4- « Laisser les mails et messages s’accumuler ».. Résister courageusement à toute envie de répondre rapidement, sauf si c’est de nature à entretenir une polémique féconde en temps perdu. N’écouter que très rarement les messages téléphoniques en boîte vocale. Vos interlocuteurs ne pourront plus laisser de messages et sauront ainsi que « vous êtes sous l’eau ». Avec plusieurs dizaines de mails en attente, n’ouvrez que les plus insignifiants, et gardez-vous d’utiliser la fonction « spam », ce qui vous permettra de parcourir ou lire des propositions, sollicitations, publicités, menaces et prédictions au lieu de vous occuper des sujets importants que vous garderez pour lecture le soir tard ou le week-end, complétant ainsi votre image de personne débordée dans votre entourage personnel.
5-« Avoir des priorités fluctuantes »,. ne jamais laisser l’urgence d’autrui s’imposer comme priorité pour vous. Le diable est, dit-on, dans les détails, alors concentrez-vous sur les détails les plus infimes, en toute légitimité, et si vous êtes manager, pratiquez le micromanagement. Cela prend un temps considérable, et vous serez quotidiennement débordé.
6- « Commencer beaucoup, ne rien finir ».. Ne dit-on pas qu’un objectif est atteint à 50% dès que l’on commence à y travailler ? Alors, éparpillez votre activité, passez de l’une à l’autre, de préférence sur des zones de responsabilités différentes. En synthèse, négligez à votre profit la loi de Carlson, selon laquelle une tâche accomplie avec concentration l’est plus rapidement que si l’on passe du coq à l’âne.
7- « S’approprier l’effet papillon ».. Ne jamais faire de suite une activité qui permettrait à d’autres d’avancer. Si quelqu’un a besoin de vous voir rapidement, ou bien a besoin d’une information ou d’une action de votre part, mettez cela en bas de la liste, voire pas du tout sur votre liste. La désorganisation qui en résultera vous assurera d’avoir plus à faire dans peu de temps, et vous pourrez alors appliquer de nouveau le premier principe de cette méthode.
8- « S’autoriser des moments d’intense activité ». , dans lesquels on « fait vite, très vite » et donc ouvre le vaste champ des erreurs. Ne pas prendre le temps de bien faire garantit d’avoir à trouver le temps de refaire…
9- « Laisser votre esprit vif pratiquer la libre association d’idées ». , les digressions ne déplaisent qu’aux psychorigides. Abordez tous les sujets qui vous passent par l’esprit, quand bien même, voire surtout, s’ils n’ont rien à voir avec la discussion en cours.
10- Complémentairement quelques petits trucs :.
a. Appelez vos contacts très tôt ou tard dans la journée et à des heures où il est peu probable de les joindre. Cela génèrera des rappels que bien sûr vous ne pourrez prendre puisque vous serez occupé ailleurs…
b. Répétez à l’envi que vous êtes débordé. Une fiction répétée devient une réalité.
c. Jamais statique, toujours en mouvement. Même au téléphone, bougez, marchez…
d. Envoyez des mails incendiaires ou sarcastiques, ils sont générateurs d’échanges à l’infini.
e. Laissez passer la date de révision de votre voiture. Elle tombera en panne. Ce deviendra une priorité qui en chassera bien d’autres.
f. Prenez du café le soir. Vous dormirez mal, cela vous mettra en condition pour faire des erreurs qui prendront du temps pour les rectifier… Si c’est possible.
g. Ne lisez rien de sérieux. Vous en savez suffisamment.
h. Occupez-vous de ce qui ne vous regarde pas. Immense potentiel de perte de temps et d’énergie.
i. Si vous êtes manager, ne déléguez que ce que vous n’aimez pas faire, toujours des tâches et surtout pas des responsabilités. Demandez des reportings quotidiens, voire pluriquotidiens…
j. Laissez toujours votre smartphone allumé. Ça sonne, ça couine, et c’est du meilleur effet dans les réunions ou pendant un spectacle (auquel vous n’assistez bien sûr que par obligation).
En suivant consciencieusement ce qui précède, vous serez très rapidement « complètement » débordé, et pourrez profiter pleinement non seulement de votre fatigue, mais aussi de celle de votre entourage.
Ah, j’oubliais… La personne débordée l’est aussi en vacances… Ne déconnectez surtout pas !.
La loi de Parkinson indique que plus on a de temps disponible, plus on en perd…L’homme débordé n’a pas de temps disponible, et donc de fait ne peut en perdre !.
C’est un héros moderne..
En vous souhaitant le meilleur,
Bien cordialement,
Gérard-D Carton