Groupe Gérard Carton
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Compassion

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Il y a deux sortes de quérimonies, ce mot familier du XVIIe siècle pour parler des plaintes en général.
Les plaintes justifiées par des causes bouleversantes, et celles venant des « prône-misère », ces personnes qui se plaignent de tout, tout le temps. Rien ne va, tout va mal, les petits malheurs du quotidien prennent une dimension phénoménale et assourdissante …
Dans le contexte actuel où de vrais drames et horreurs sont perpétrés, où des sujets majeurs concernant le présent et l’avenir inondent l’actualité, les prône-misère viennent étaler leurs petits soucis, et exigent d’être entendus, écoutés et surtout, surtout, plaints et être l’objet d’une compassion sans limite…
La plupart des gens étant gentils, le réflexe compassionnel prend le dessus sur l’envie de fortement relativiser les jérémiades et leurs causes, et de faire le constat de l’indécence des doléances futiles exprimées.
Ce qu’il faut bien comprendre.
Ceux que j’appelle les « prône misère » sont addicts à la compassion. Le sentiment de leur malheur et de son expression constante est leur bien-être. Plus on les plaint, plus ils ont besoin de notre compassion, et ce besoin est sans limites.
C’est pourquoi il est convenable, sinon approprié, de mettre une borne à l’expression de la compassion.
Les petits malheurs, les petites contrariétés, les petites larmes, exprimés dans les détails, auréolés de circonstances aggravantes du fait de leur répétition, récurrence et cyclicité, lorsqu’ils entrainent la compassion, prennent la place des vrais motifs.
Un lacet de chaussure cassé n’est pas un drame, et s’il est ressenti comme tel par une personne, elle devrait porter des mocassins. .
Le besoin de compassion est une drogue puissante. On constate un état de manque chez les prône-misère qui n’ont pas leur dose et bien sûr il rend le sevrage difficile… mais pertinent. .
La compassion génère la production de dopamine chez les prône-misère, leurs petits malheurs sont le procédé de fabrication de la compassion, le compassionnel devient un dealer.
La compassion exprimée sous forme de bienveillance, pitié, bonté, indulgence, commisération, attendrissement, miséricorde, apitoiement, sollicitude, humanité, indulgence, commisération, altruisme, gentillesse, solidarité est l’alambic de la drogue « dopamine ».
Celui qui s’attendrit devant les petits malheurs ne rend aucun service aux addicts de la compassion. Il les enchaîne à leur dépendance. .
Celui qui sait être justement compassionnel est un sage. La sagesse n’attend pas le nombre des années…
Soyons compassionnels lors des malheurs, des accidents de la vie, des désastres, des tragédies, des drames, des catastrophes, et parce que la compassion a des limites, ne la dilapidons pas sur de petites causes, elle pourrait alors à faire défaut pour les grandes, celle où elle est salutaire. .

Bien cordialement,

Gérard-Dominique Carton

La lettre du GCCG- Novembre 2023 II