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Donner du sens

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Il est fréquent aujourd’hui d’entendre qu’il faut « donner ou redonner du sens » Pourquoi entend-on si souvent cette expression, notamment, en Management ?

Pragmatiquement, parce que beaucoup d’informations en manquent et que nombre de personnes se sentent dans l’incapacité de « donner du sens » aux informations qu’elles reçoivent. Pas seulement par méconnaissance du modèle économique dans lequel elles se situent, ce qui sera l’objet d’une prochaine lettre.

Nombre de managers « traitent » de l’information, des données, en quantités importantes, et pour autant, ne peuvent en extraire la clé de la compréhension des situations et des personnes. Il ne s’en dégage pas un « sens » évident.

Les ratios, les chiffres, les tendances qui s’en dégagent, les commentaires qui s’en suivent, entraînent vers le « tous azimuts » , et le « sens » se perd.

Donner du sens, oui, mais lequel ?

Ici se pose la question des filtres. Pour simplifier, les optimistes sont capables de donner un sens positif à une catastrophe et les pessimistes un sens négatif à une réussite.

Nous sommes tous, en permanence, la cible d’informations nombreuses, de la plus insignifiante à la plus déterminante. Comment trouver le sens dans tout ça ?

Quelques constats de base :

  • Ce qui empêche la plupart des gens à trouver le sens est que nombre de décisions, orientations, information n’en ont pas. Vouloir donner du sens à ce qui n’en a pas est paradoxal. Ce qui n’a « pas de sens » est ce qui est fait en dépit du bon sens voire en contradiction avec les orientations définies. Ainsi en management, ce qui « n’a pas de sens » est-il quelque chose de conjoncturel en contradiction avec les orientations « logiques », « les stratégies affichées », les valeurs prônées.

  • La difficulté à trouver du sens vient aussi de l’absence de pédagogie. Nombre de décisions sont prises à l’issue d’une analyse de situation. Les décisions annoncées le sont sans référence à cette analyse, ou de façon très « synthétique ».

  • L’embarras du sens provient aussi du télescopage des informations avec les intérêts des personnes concernées, leurs opinions, leurs croyances.

  • Enfin, la faiblesse du sentiment de « bienveillance » et la force de la « méfiance » font le reste. Ainsi, confrontés à une information dérangeante la plupart des gens réagissent avec « méfiance » et commence alors un cycle négatif de pensée et d’analyse. Les paranoïaques en sont la caricature.

  • La tendance au « déni » des informations qui viennent contrarier les perceptions ou les analyses subjectives de situation est un facteur aggravant.

Comment donner du sens ?

  1. D’abord partager la vision globale et celle des buts recherchés. En management il s’agit de communiquer une vision claire de « là où l’on va » et complémentairement de le situer dans le modèle économique

  2. Ensuite partager la vision des moyens à déployer pour parvenir au but.

  3. Enfin toujours mettre en perspective de ce qui précède les décisions quotidiennes.

Pour parvenir à le faire, il faut avant tout distiller le calme. Un des grands maux de cette époque est l’agitation, la recherche de vitesse, le culte de l’urgence et le mépris de la sagesse.

Il est pour autant démontré historiquement que les bonnes décisions se prennent dans le calme, et les mauvaises dans la fébrilité.

Il y a des circonstances dans lesquelles il faut penser et agir « vite ». Elles ne sauraient être la norme. Beaucoup de frénésie est créée faussement, parce que beaucoup de personnes ne prennent pas le temps pour ce qu’il est, un capital personnel qu’il convient de gérer.

Ainsi l’urgence des uns devient la priorité des autres, et tout du long de la chaîne s’installe l'agitation et la confusion.

Alors, on commence à courir après le temps comme les chiens après les carrioles. Je n’ai pas le temps, je n’ai pas eu le temps, j’aimerais avoir le temps, si j’avais le temps, sont des expressions tellement utilisées que cela frise le ridicule. Le temps, on l’a, mais on l’utilise à autre chose.

Nombre d’erreurs sont faites par absence de calme, et dans l’urgence parce que l’on est « pressé » et que l’on croit qu’il faut faire vite. Elles font consommer encore plus de temps pour être rectifiées. On aura ainsi moins de temps pour « bien faire » la prochaine fois.

Cette pénurie de temps devient une des principales causes d’absence de sens. Le chien ne se demande pas pourquoi il court après les carrioles. Il est occupé à courir. Il convient ici de tordre le cou à un stéréotype par lequel beaucoup croient que le calme est le fait des lents et la rapidité celui des affairés.

On peut être calme et faire vite. Les chirurgiens, les pilotes, comme celui qui a posé son avion sur l’Hudson, en sont la preuve.

Alors la prochaine fois que l’on vous parlera de donner du sens, - prenez le temps, calmez le jeu, et faites le constat que l’emballement est la première cause de perte de sens.

  • ne cherchez pas à calmer le passé, ni à trouver à qui la faute, tempérez le présent.

  • prenez le temps d’analyser la situation, refusez la pression de l’urgence d’autrui sauf à ce qu’elle soit légitime et exceptionnelle

Votre temps vous appartient, et si vous le gérez convenablement, tout reprendra du sens. À commencer par votre agenda, vos activités, et plus largement, votre vie.

Cordialement,

Gérard D Carton

Lettre du GCCG - Mai 2011 : Donner du sens