Publié dans La Lettre du GCCG - Réflexions et humanisme - Tentative d’humour - Divers
L’emprise de la Sottise
La sottise est systémique : plus on est sot, moins on apprend et plus on le devient. En dehors des enseignants, des avocats, des juges, des professions de santé, et des psys dont c’est l’obligation professionnelle, les « pas sots » passent le moins de temps possible avec les sots ce qui favorise l’augmentation exponentielle de la sottise.
Plus les sots sont nombreux, plus leur référentiel devient la norme, et plus les « pas sots » sont marginalisés.
Tenir un discours structuré, intelligent dans une assemblée de sots est se vouer à la désapprobation et la raillerie, parfois à l’agression. Les stéréotypes se propagent beaucoup plus vite que le discernement.
Parce que l’on ne dispose que de son niveau d’intelligence pour estimer celle d’autrui, il est bigrement difficile d’évaluer celle des personnes beaucoup plus intelligentes que soi sans avoir recours à l’humilité, qualité qui échappe systématiquement aux sots.
L’obscurantisme des sots est le trou noir de l’intelligence et de l’humanité. .
Il n’est pas impossible que les sots prennent le pouvoir ; c’est déjà le cas dans certains pays, et tout à fait logique en particulier dans les démocraties où il suffit d’avoir la majorité des votes pour être élu et il est évident que les sots votent pour les sots. C’est aussi le cas dans les pays non démocratiques, car un sot armé est plus à même de prendre le pouvoir qu’un pas sot sans arme.
Audiard a sacralisé les sots avec sa fameuse trouvaille, « un sot qui marche va plus loin qu’u intellectuel assis ». Les sots l’adorent et ne manquent pas une occasion de le rappeler.
Aller plus loin, certes, mais où ? La réponse est simple. Toujours plus loin dans la sottise. L’avenue de la sottise est la plus longue avenue du monde, les sots peuvent longtemps y marcher pour n’arriver nulle part ailleurs que là où tout le monde se retrouve in fine.
Les grands esprits, à travers les siècles, ont tous connu les sarcasmes et le rejet de leurs idées par les sots du moment.
L’astrophysicien qui oserait une conférence dans une assemblée de platistes en ferait l’expérience.
Chaque génération a son quota de sots. Les contingents de sots augmentent d’année en année, car la sottise est contagieuse. Elle a fait ses entrées partout, dans presque toutes les sphères de la société, aidée en cela par le rejet de l’élitisme graduellement abaissé au rang de dépravation.
Il reste quelques bastions, comme l’Académie française, le Panthéon… Pour combien de temps ?
Il ne vous aura pas échappé que les médias et réseaux sociaux sont envahis, que l’Assemblée nationale est virussée, et qu’il n’est pas impossible que le gouvernement soit infiltré.
Alors, il paraît très improbable que votre environnement professionnel fasse exception à la tendance lourde de prolifération de la sottise.
La cohabitation avec les sots est difficile, souvent pénible même si parfois drôle… Il n’existe pas de « formations » ou de coachings dont le thème central serait « se libérer de la sottise » …
L’objectif serait double :
1- Apprendre à gérer intelligemment la sottise d’autrui
2- Apprendre à diminuer la sottise par la maîtrise de quelques vérités concernant les opinions et leurs formations.
*Qui suis-je donc pour oser désavouer les sots *. ?
Un modeste observateur de la sottise ambulante et prospère, n’ayant pour en juger que son petit niveau de « non-sottise » …
Si vous trouvez sot tout ou partie de ce qui précède, je serai donc votre sot à moins que vous ne préfériez m’affubler d’un adjectif aussi compendieux que sot mais différemment lettré.
Bien cordialement,
Gérard-D Carton