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Ressenti

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Publié dans La Lettre du GCCG - Divers

Depuis quelque temps la météo fait état de deux températures, l’objective et la « ressentie ». Il est vrai que la température de -5° est ressentie différemment selon que l’on habite au Canada ou dans le sud de la France. La température ressentie est aussi fonction du « facteur vent », plus il souffle, plus il est froid et plus la température ressentie est basse en comparaison de la température objective.

En matière de climat social, la même observation s’impose. Le climat « ressenti » est souvent décalé du climat objectif / réel. Il est observé, dans les Entreprises, mais aussi au plan national, dans la vie courante, que le climat est jugé « bon » dans les petites entités, les petites structures, les « bulles », et que pour autant l’avis général est que le climat global est « mauvais ».

Le facteur « vent » dans les climats sociaux est matérialisé par le « vent du changement ». La « réalité » du climat social n’est pas la mesure « objective », elle est la mesure du « ressenti ». Elle tient à la représentation mentale que les personnes concernées se font de ce climat, et le ressenti « collectif » est plus fort que le ressenti individuel. De même que l’opinion publique n’est l’opinion en réalité de personne individuellement, le collectif façonne une représentation générale. En France, les opinions négatives l’emportent toujours sur les opinions positives, et les représentations mentales négatives sont plus fortes que les représentations positives. Le pessimisme se répand plus vite que l’optimisme.

Pourquoi ? C’est une routine culturelle profonde. La gentillesse, la bienveillance, l’altruisme sont placardés, ringardisés, au profit d’une forme de méfiance, de réserve, de paranoïa. Le scepticisme et l’incrédulité sont préférés à l’ouverture et la confiance. Ces dernières, lorsqu’elles sont présentes, sont réservées aux relations de proximité. Alors, il en résulte que la relation de proximité, en petit comité, est régulièrement vue positivement et qu’a contrario, la situation générale est vue négativement, car le référentiel n’est pas le même. Dans le premier cas la relation est personnalisée, dans le second elle est dépersonnalisée.

Je connais Paul, mon voisin, je ne connais pas le « grand chef », et ne le vois qu’occasionnellement, dans des circonstances hors du commun. Même chose pour les « autres » qu’ils soient chefs ou pas. S’il est une transformation réussie, dans les Entreprises, c’est celle d’un climat social global ressenti comme positif. Schopenhauer disait que « les Italiens sont des Français heureux ».

La propension à ressentir un climat social négatif, aggravée par les vents du changement constant est un handicap lourd dans la course à la performance naissant de la concurrence économique et commerciale. La capacité du management à faire ressentir un climat social « positif » est très limitée. Un stéréotype a la vie dure, celui selon lequel le climat social d’une entreprise est dû aux dirigeants. C’est totalement faux et non scientifique. Comment une poignée de personnes pourraient-elles conditionner le climat pour un corps social entier ?

Seule une majorité de collaborateurs, à tous niveaux, rend la chose possible. Ce n’est pas le management qui fait le climat social, encore moins son ressenti, c’est le collectif des collaborateurs, à tous niveaux, leur mode de communication et l’application ou non de valeurs positives au quotidien.

L’opposition aux propos négatifs et « négativisants » est aussi une voie permettant la transformation du climat ressenti. C’est là que les managers peuvent avoir une influence réelle sur le ressenti du climat social global. La tolérance ou l’indifférence aux propos négatifs, le fait de répercuter des informations négatives, l’habitude du « mais bémol », par lequel on fait suivre une information positive d’un « mais privatif », sont des pratiques de renforcement du climat négatif. « Ceux qui ne peuvent imaginer le meilleur sont condamnés à être confrontés au pire ».

Les représentations mentales se font toutes seules, en regardant ce qui va ou ce qui ne va pas. Peu de personnes développent leur faculté d’avoir une vision d’ensemble. Pour cela il faut prendre un peu de hauteur, à défaut un certain recul. « Les vallées sont plus belles depuis le haut des collines ou des montagnes. » Un grand facteur de conditionnement du climat social est la persistance des potins et autres rumeurs. Ils ne sont jamais positifs, souvent alarmistes ou sarcastiques lorsqu’ils ne sont pas malveillants. La tolérance aux potins, sans parler de leur propagation, est une forme de vice.

Alors, pour résumer, le climat social ne dépend jamais de quelques personnes, encore moins des seuls dirigeants, mais toujours du collectif. En rendre responsable le top management est irresponsable, car chacun est constructeur de la représentation mentale de son environnement. Le climat social est le reflet d’opinions beaucoup plus que de faits authentiques. Les opinions ne se construisent pas sur des faits, mais sur leur interprétation. La tendance générale au négativisme est le premier facteur de création d’un climat négatif, lourd ou pénible. Cela ne dédouane en rien le management, mais l’invite à participer activement aux évolutions positives d’opinions, et à faire émerger « aussi » des représentations plus justes, et bien sûr à bannir la pratique des « potins ».

Très cordialement,

Gdc

Lettre du GCCG - Mars 2017 "Ressenti"