Publié dans Pensées du jour - Réflexions et humanisme - Tentative d’humour - Divers
Retour vers le futur / départ vers le passé….
Dans les années 1800, les « guinguettes » connaissent un formidable succès.
On y mange, on y boit, on y parle, on y danse, on y « vit »…
Certaines guinguettes sont très célèbres et « courues », celle de la mère Radin, le Jardin de la Chaumière…
« Vous entrez : jeunes gens, jeunes filles, violons, arbres, quinquets, tout danse ou semble danser dans ce jardin, tant il y a de mouvement dans cette musique, de gaîté dans ces danseurs, de frémissement dans ces feuillages, de reflet dans ces lumières cachées sous la verdure.
Vous écoutez çà et là : on parle de femmes, de thèses, de modes, de politique. Ici, des déclarations et des aveux d'amour ; là, les philippiques qu'on ferait si on était à la tribune ; parfois aussi, quelques mots de droit [...] ; et tout cela, amour ou politique, animé de je ne sais quel esprit de jeunesse qui donne une sorte de grâce à toute cette confusion *. »
En 1815, cela « agace » le gouvernement, décide de « réglementer », et une ordonnance est promulguée par le Préfet de Paris, le 3 octobre :
*« Considérant que l’ouverture des guinguettes, cabarets, cafés et autres lieux semblables, établis hors des barrières, se prolonge fort avant dans la nuit, et qu’il en résulte fréquemment des désordres qu’il est important de prévenir et d’éviter.
Art. 1er. À compter du jour de la publication de la présente ordonnance, les guinguettes, cabarets, cafés, estaminets, billards et entres lieux de réunion ouverts au public, hors des barrières de Paris, seront fermés à dix heures précises du soir. ».
Mais cela ne changera « rien » fondamentalement, en 1868, on pouvait lire, concernant la guinguette du dénommé Jean Ramponeau, dit « roi des cabaretiers »
« Un monde de buveurs s'y donnait rendez-vous pour y mener joyeuse vie, inter pocula, sans soucis de l'avenir et sans regrets du passé. Il importait peu que le vin fût exquis. La gaieté des convives remplaçait avantageusement la supériorité des liquides *.
*L'égalité parfaite existait dans ce cabaret, où les grands seigneurs coudoyaient les aigrefins, où quelques jolies marchandes s'introduisaient, au bras de fringants militaires. ».
Puis, vinrent « les taxes » et « contraintes », qui organisèrent la disparition de la plupart des guinguettes, et en tout cas, leur déclin lent et sûr jusqu’au début du XXe siècle…
Les guerres ne les avaient pas condamnées aussi sûrement que le dispositif fiscal conçu en partie pour en limiter l’engouement et en interdire la prospérité.
Aujourd’hui, les « boîtes » de nuit connaissent un sort comparable, l’histoire se répète, sans fin.
Bon dimanche,
Gérard D Carton