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L’estime de soi : un moteur plus puissant que l’argent ?

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Publié dans Pensées du jour

Des psychologues de l’université Duke (Caroline du Nord) ont proposé à plusieurs groupes de volontaires une même série de 20 exercices difficiles de calcul.

Dans le premier groupe, auquel aucune gratification n’a été promise en cas de succès, les participants ont réussi en moyenne 4 exercices sur 20, après vérification de leurs résultats par les organisateurs.

Aux autres groupes il a été annoncé une récompense allant, selon les groupes, de 1$ à 20$ par exercice réussi, les participants devant cette fois déclarer eux-mêmes leur performance, sans vérification ultérieure.

Assurés d’obtenir 1$ par exercice réussi, les participants ont déclaré en moyenne 6 bonnes réponses pour 4 réellement trouvées.

Pour une prime annoncée de 10$ par exercice réussi, ils ont déclaré une dizaine de bonnes réponses, toujours pour 4 réellement obtenues.

Entre 1$ et 10$ de prime, la propension à tricher varie proportionnellement au montant de la prime.

Mais au-delà de 10$ par exercice réussi, la progression cesse : on ne triche pas plus à 15$ qu’à 10$.

Selon les chercheurs, l’attitude des participants procède moins d’un calcul financier que d’un besoin d’estime d’eux-mêmes.

Plus la prime est élevée, plus l’enjeu de l’épreuve leur paraît important et plus ils éprouvent le besoin de faire bonne figure en surévaluant le nombre de leurs bonnes réponses.

Mais une fois atteinte la moyenne de 10 bonnes réponses sur 20, le besoin d’estime de soi est satisfait et le niveau de « triche » se stabilise.

Les Romains observaient les entrailles avant de partir au combat.

On touche aujourd’hui du bois pour conjurer le mauvais sort.

Mais les croyances superstitieuses renforcent-elles vraiment la capacité d’agir ? Des psychologues de l’université du Queensland (Australie) ont placé des volontaires face à des choix difficiles, en leur fournissant des informations variant selon les groupes de participants.

Dans certains groupes, les informations permettaient de prendre des décisions rationnelles.

Dans d’autres groupes, les informations fournies conduisaient les participants à estimer qu’ils étaient démunis devant le choix à faire.

Concomitamment, une évaluation du niveau de superstition des volontaires a été effectuée.

Les croyances superstitieuses sont apparues plus fortes chez les participants les plus démunis face aux décisions à prendre.

« Une superstition vaut une espérance », a dit Balzac.

Il aurait pu ajouter : « et donne de l’assurance ».

Source : Dan Ariely, The Honest Truth about Dishonesty, Harper, 2012.