Publié dans La Lettre du GCCG - Stratégies managériales
Ces derniers 18 mois ont été abondants en épreuves pour tous.
Beaucoup de communications commencent sur un « j’espère que tout va bien pour vous », et c’est la plupart du temps beaucoup plus inspiré par la sincérité que par la politesse.
Les épreuves dit on nous font grandir lorsqu’on y survit… Belle philosophie ; dans les faits il apparaît que les « solutions » d’hier trouvées pour traverser les épreuves posent de nouveaux problèmes qu’il faudra résoudre, et si possible « durablement ».
Quelques exemples ?
• La solution télétravail en réponse au confinement pose le problème de son maintien, partiel ou total, avec les divergences d’opinions que l’on connaît. La relation en « visio » et « par téléphone » est très sensiblement différente de la relation en présentiel qui était la norme. La proximité en mode « visio » comporte une distanciation qui la change fondamentalement.
• L’inactivité forcée a demandé des ajustements de mode de vie tant personnelle que professionnelle. Une vie « normale » aujourd’hui n’est pas ce qu’était une vie « normale » avant-hier, mais l’on ne sait pas très bien ce que devrait être cette vie « normale » aujourd’hui.
• Les hospitalisations, les décès, laissent des traces profondes dans les sphères personnelles et affectives. Le bouleversement des vies fait relativiser la relation au monde et au travail, son sens…
• Nombre d’entreprises en activité partielle ou stoppée pour une longue durée doivent se « réinventer », s’ajuster aux nouvelles donnes, attentes, encore mal définies, voire comprises.
De nombreux interlocuteurs m’indiquent ressentir un « flottement » dans les relations professionnelles.
À la question « que vous manque-t-il ? » et après quelques spécifications, un thème apparaît…
Le « plaisir » au travail a été diminué. Plaisir de se rencontrer, de chercher ensemble les solutions, les idées, les concepts, de les trouver, ensemble…
La relative distanciation a à la fois réduit le niveau relationnel et augmenté le besoin de « plus » de relation de confiance et de proximité.
La satisfaction au travail est fondamentalement liée à la notion de plaisir. Un truisme ? Bien sûr, mais relativement perdu de vue, voire tabou dans certains corps sociaux.
Alors une des priorités qui se dessine pour le management et au-delà pour les équipes, est la régénération du plaisir de travailler « ensemble ». La réponse n’est pas dans les artefacts, les gadgets, surtout après les épreuves évoquées plus haut. Cela serait dérisoire, voire inapproprié.
Les sondages du moment, en milieu professionnel, font ressortir à la fois une forte aspiration à retrouver le plaisir de travailler en lien avec ses collègues de tous niveaux, et, logiquement, des questions sur le sens du travail, son utilité, ses modalités.
Comment retrouver ce plaisir de travailler ensemble ?
Quel rôle doit jouer le management dans cette recherche ?
Comment intégrer intelligemment le télétravail et le présentiel ?
Plusieurs points se profilent :
1. Certains ont un peu vite estimé que les réserves des managers sur le télétravail des collaborateurs étaient un signe de méfiance. En réalité, l’organisation collective des souhaits individuels de télétravail partiel est compliquée.
2. Le télétravail « forcé » a généré quelques dysfonctionnements. La réunionite un temps disparue a été remplacée par la « visionite », avec des réunions en digital aussi longues et fréquentes que barbantes…
3. La contextualisation négative générale pendant la période « haute » de la pandémie a affecté le moral d’un grand nombre de personnes, et peu prédisposé à trouver du plaisir dans les activités.
De fait, alors « qu’avant » on se posait peu la question du « pourquoi devoir être physiquement présent à une réunion » (la réponse implicite étant « parce qu’on vous le demande »), aujourd’hui, non seulement on se la pose, mais la réponse implicite « d’avant » est insuffisante.
C’est une formidable opportunité de restructurer les agendas autour de l’intérêt réel et donc la valeur de la présence physique aux réunions de travail et interfaces en présentiel.
Les entreprises internationales ont depuis longtemps mis en pratique des protocoles visant à ne déplacer les personnes que lorsque cela est nécessaire, utile, motivant et productif. S’en inspirer serait du bon sens.
Que l’on ait besoin de notre présence, qu’elle ait du sens et de l’intérêt pour l’entreprise, nos collègues et nous, est suffisamment motivant pour qu’on fasse l’effort, et in fine qu’il soit fait avec plaisir et que ce plaisir soit augmenté par un travail en commun source de satisfaction.
Un des rôles fondamentaux du management est de réunir les conditions pour que les collaborateurs aiment leur travail et aiment travailler (sans pour autant être masochistes) …
Il est temps d’aller bien, beaucoup est à construire, et d’innover dans les relations professionnelles pour mettre à profit les épreuves du passé récent, et retrouver l’enthousiasme générateur de satisfaction.
Retrouver le sens de l’effort utile, de l’engagement en équipe, et de la satisfaction d’accomplir.
*Pour lever le tabou du « plaisir au travail » *par exemple :
• Faire reconstruire en équipe les protocoles de coopération et de concertation. Lorsque l’on est compris et que l’on se sent compris, les solutions relationnelles et opérationnelles viennent aisément.
• Réduire les irritants, pour cela les faire expliciter en courtes sessions.
• Se souvenir que la meilleure façon de ne pas résoudre un problème est de ne pas s’en occuper.
• Réduire la contextualisation négative prenant source à l’extérieur, principalement dans les médias, et organiser la communication constructive dans l’entreprise.
• Simplifier les processus de décisions opérationnelles, favoriser l’autonomie de décision et d’action aux points de contact client (y compris interne).
• …/…
Bonne reprise,
Bien cordialement,
Gérard-D Carton
001@gcarton.com
+33(0)760 073 167