Publié dans La Lettre du GCCG - Réflexions et humanisme - Divers
Du refus d’obtempérer.
On en parle beaucoup et comme pour tous les sujets de société les avis et opinions sont divisés, allant d’un extrême à l’autre.:
L’autorité est un concept. La « réalité » de ce concept réside dans l’obéissance, la soumission à l’autorité.
Obéir à l’autorité s’apprend. On peut en toute conscience et sans être « soumis » décider d’obéir à une injonction, et cela pour principalement dix motifs.:
1- Pour notre bien
2- Pour le bien commun
3- Parce que l’injonction a du sens
4- Parce que c’est la loi
5- Pour faire plaisir
6- Pour avoir la paix
7- Par conviction morale ou religieuse
8- Par respect culturel
9- Par respect familial
10- Par crainte de sanctions
Le refus d’obtempérer est simplement la décision d’ignorer l’injonction et il y a là aussi au moins dix motifs de le faire
1- Pour n’avoir pas appris à obéir aux injonctions fondées
2- Pour placer l’insoumission au-dessus des valeurs sociales et la considérer comme une vertu
3- Par goût du risque générateur d’adrénaline. (C’est la continuité logique notamment, des rodéos)
4- Par conviction culturelle, morale ou professionnelle
5- Par plaisir
6- Par ego
7- Par mépris des conséquences
8- Par arrogance, suffisance
9- Par mécompréhension, notamment du mot « liberté »
10- Par puérilité
Le culte de l’insoumission est largement médiatisé. Elle est souvent élevée au rang de symptôme d’intelligence et de synthèse de qualités premières comme l’indépendance, l’autonomie, l’initiative, l’originalité, l’anticonformisme, la « personnalité »…
Les rebelles sont légion, et considèrent que l’alternative est simple, lumineuse… Rebelle ou mouton… Leur choix est fait…
L’Histoire et la littérature sont riches de formidables rebelles, héroïques, intrépides, indomptables…
Lorsque l’on fait de l’insoumission une vertu cardinale, la délinquance prolifère.
Les mauvais garçons ont une aura que les premiers de la classe, travailleurs, disciplinés, policés, leur envient parfois. D’autant que dans la littérature, ils ont très souvent un grand cœur…
Depuis plusieurs générations, jour après jour l’obéissance a été considérée comme une sorte de faiblesse d’âme.
On a tout de même plus de chance d’être célèbre sur les réseaux sociaux en se filmant en mode rodéo qu’en aidant une personne âgée à traverser la rue.
Et pour peu que le ministre de l’Intérieur déclare la guerre aux rodéos, l’affaire est dans le sac…
Concernant le refus d’obtempérer, la plupart des cas reportés obéissent (si j’ose dire) à une même logique :
Conducteurs sans permis conduisant, souvent, une voiture « empruntée ».
La ligne jaune a été franchie bien avant la sommation de s’arrêter et le contrevenant sait qu’il est « cuit » s’il s’arrête…alors il risque le tout pour le tout… Il a théoriquement plus de chances d’échapper à la sanction en refusant d’obtempérer… D’autant que la plupart de ces personnes sont « défavorablement connues » des services de police, et souvent sous l’emprise d’un produit désinhibant.
Le tapage autour d’éventuels abus d’autorité, d’arbitraire, de corruption, de violences, de dispositifs « liberticides », de délits de « sale-gueule » entretient quotidiennement la polémique et exacerbe les positions opposées.
Les « faits divers » sont élevés au rang d’information nationale. Ils sculptent la représentation désastreuse de la « France d’aujourd’hui » (mais ce n’est pas une particularité nationale) et génèrent un catastrophisme ambiant dévastateur.
*Le culte de la sanction négative, de la « punition », est le levain de la délinquance. *. Il établit un rapport de force entre les porteurs de l’autorité et les contrevenants. Les premiers ne peuvent gagner que s’ils sont en nombre suffisant. L’augmentation du nombre d’actes délinquants est directement proportionnelle à l’absence de pédagogie citoyenne.
L’exemple des prisons ouvertes en Finlande est un modèle de substitution de la pédagogie à la sanction /punition « dure ».
Apprendre et réapprendre la vie en société avec pour objectifs une réinsertion réussie et un taux de récidive bas… au lieu de « punir » durement, douloureusement, de façon humiliante.
L’emprisonnement n’est pas le paiement de la dette d’un délinquant à la société, il est par nature une dette de la société envers lui. Il en voudra le remboursement à la sortie.
Lorsque l’on entend les protestations outragées sur l’organisation d’un Koh-Lanta à la prison de Fresnes, on se dit que la France n’est pas prête à faire le bon choix.
Autant dire que l’avenir est sombre…
En vous souhaitant une agréable reprise, pour celles et ceux qui reprennent et d’agréables vacances pour celles et ceux qui les commencent…
Bien cordialement,
Gérard D Carton