Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Stratégies managériales - Communication - Réflexions et humanisme
Largement promu dans nombre d’organisations, le droit à l’erreur serait preuve de bienveillance et de libération de l’initiative, de l’innovation et de la créativité des collaborateurs.
Il est même parfois amplifié par l’injonction du « devoir d’essayer » … implicitement, l’absence d’erreurs, serait signe de pusillanimité et d’engagement perfectible.
C’est intellectuellement délectable, toujours « dans l’air du temps », et totalement absurde pour six raisons.
1- L’erreur a un coût et l’erreur a un prix, entre les deux une marge pénalisante..
• Le coût de l’erreur est supporté par le collectif de l’entreprise.
• Le prix de l’erreur est supporté par les clients et les fait fuir, car les tarifs augmentent lorsque les erreurs s’ajoutent.
• La marge entre les deux est toujours négative pour l’entreprise ou l’organisation. La multiplication des marges négatives est la première cause des échecs.
2- Le « droit à l’erreur » est un encouragement à la médiocrité et à l’irresponsabilité.. Le devoir de « bien faire » est autrement plus profitable pour tout le monde, à tous les niveaux, en premier lieu pour les clients et pour l’économie du Pays. Donnerez-vous le droit à l’erreur au chirurgien qui opère votre enfant ? Au médecin qui le soigne ? À l’aiguilleur du ciel qui gère votre vol ? Au banquier qui gère vos économies ? Au voiturier qui gare votre voiture ? Au cuisinier qui prépare votre repas ? Au voisin qui se gare sur votre place de parking ?
3 -Le droit à l’erreur, dans une organisation, est nécessairement universalisé. ; il serait injuste que certains seulement en bénéficient. Toutefois, que l’on soit technicien de surface ou patron du marketing, l’erreur n’a ni le même coût ni le même prix. Ce droit est donc injuste dans son principe d’équité.
4- Le droit à l’erreur est une hypocrisie pour deux raisons :.
a. Selon les conséquences de l’erreur, leur nombre et leur auteur, la subjectivité entre en jeu et décide de la sanction. Elle est toujours négative, et je ne connais aucune entreprise qui verse une prime à un collaborateur parce qu’il a fait plusieurs erreurs, y compris chez celles qui encouragent « le devoir d’essayer ».
b. Il suffit de qualifier une erreur de « faute », ou tout autre synonyme (il y en a 93 en français) et le tour est joué. D’ailleurs, ne dit-on pas qu’une erreur répétée devient une faute ?
5- Le droit à l’erreur est fondamentalement aporétique. : promouvoir le droit à l’erreur est incompatible avec la qualité de production ou de service et inconciliable avec l’excellence. C’est pourquoi le « sentiment d’avoir droit à l’erreur » des collaborateurs est inversement proportionnel au nombre de communications sur le sujet.
6- Le droit à l’erreur est déconcertant. .Personne n’aime commettre des erreurs. On ne se lève pas le matin en se disant « aujourd’hui, je vais tout faire de travers ».
Alors, au lieu de promouvoir le droit à l’erreur, développez les compétences, formez les collaborateurs, accompagnez les vers l’excellence, la fierté de bien faire, la satisfaction de réussir, d’accomplir et l’appropriation responsable de résultats corrects. L’erreur n’est pas une condition nécessaire à l’apprentissage s’il est fait de façon professionnelle, pédagogique et responsable. .
Lorsque des erreurs se produiront, accordez le pardon fait de compréhension des circonstances, mais renoncez à promouvoir le droit à l’erreur.
En vous souhaitant l’excellence.
Cordialement vôtre,
Gérard-Dominique Carton.