Réseaux et stéréotypes

Réseaux et stéréotypes

Le formatage de la pensée est-il accéléré par le fonctionnement en réseau. ?

Il est frappant de constater l’émergence et la pérennisation des réseaux « fermés », par opposition aux réseaux « ouverts ».

Les comptables parlent aux comptables, les DRH aux DRH, les financiers aux financiers… Les hommes aux hommes et les femmes aux femmes.

Rien de tel pour propager et entretenir les stéréotypes, tuer l’innovation dans l’œuf, et reproduire des schémas aussi éculés que tenaces.

Dans le même temps, les entreprises autant verticalisées que sclérosées veulent, en vain, développer la transversalité, l’innovation et la créativité.

Comme l’a dit et répété Watzlawick, l’homme qui n’a qu’un marteau à sa disposition trouve que tous les problèmes ressemblent à un clou. .

Lorsque Lou Gerstner a été recruté comme patron d’IBM, alors en grande difficulté, des Journalistes avertis, expérimentés du monde des Affaires n’ont pas manqué de se gausser de cette décision, indiquant que dans sa trajectoire vers la faillite, IBM restait logique en confiant sa destinée à un homme qui n’avait d’expérience que dans les cartes de crédit et les friandises.… L Gerstner a sauvé IBM.

Les stéréotypes ont la peau dure, et épaisse.

La sectorisation comme vecteur de compétence en est un.

Si vous avez fait une bonne partie de votre carrière dans l’industrie, neuf recruteurs sur dix seront convaincus qu’il est inutile de présenter votre CV à une société dans le secteur des services.

Pour autant l’on souhaiterait que l’homme recruté selon un parcours linéaire et sectoriel soit innovant.
Le « copié-collé » est sorti des logiciels de bureaux pour entrer dans la tête des personnes en réseau.

D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre un « nouveau recruté » dire comment l’on pratiquait dans sa précédente Entreprise.

Il est frappant de constater que les conventions implicites dans chaque secteur deviennent une forme de culture, hermétique à toute autre perspective de pensée que la sienne.

La culture sectorielle et catégorielle se transmet par les réseaux, qui paradoxalement se croient ouverts, et pourtant entretiennent la consanguinité. Les réseaux sociaux ont aggravé la tendance notamment à travers leurs algorithmes.

Ainsi se créent des clans où la pensée sectaire domine et les préjugés fleurissent.

La sclérose du marché de l’emploi offre chaque jour plus d’exemples de sectarisme primaire, mais au combien rassurant.

Les compétences humaines sont reléguées au rang de « petit plus », les compétences techniques sectorielles sont survalorisées, en conséquence les problèmes managériaux sont en croissance exponentielle.

Ces problèmes finissent par être considérés comme « normaux », voire, « naturels », la terre continue de tourner et le soleil de se lever.

Il y a quelques bêtes étranges, qui continuent de penser que les arts peuvent faire progresser la technologie, ils réussissent très vite ou dépérissent à jamais, selon les fenêtres d’opportunités qu’ils auront saisies, où les réseaux qu’ils auront investis …

Sortir des préjugés. …

Après des années de difficultés lors de la construction du canal de Panama, du fait notamment des hécatombes d’ouvriers et d’encadrants. Ceux qui ne mouraient pas de maladie démissionnaient rapidement. Les Américains ont pris le leadership d’une entreprise qui paraissait totalement vouée à l’échec.

Ils ont rapidement placé un épidémiologiste au cœur du Projet qui a ainsi été sauvé et réussi en moins de dix ans. L’hécatombe était due à la prolifération des moustiques transmettant la fièvre jaune et le paludisme.

Le choix d’un épidémiologiste était particulièrement intelligent, et de fait « étrange » pour beaucoup.

Quand un problème perdure, chercher la solution en dehors des sentiers battus est souvent ce qui permet de trouver la bonne. .
Bien cordialement,

Gérard-D Carton