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La reprise et le fil blanc

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La reprise et le fil blanc…

Repriser était passé de mode ; dans l’univers de la consommation, on jette. Pour beaucoup d’organisations, la fin progressive du confinement et des restrictions sonne l’heure de la reprise. La tentation de mettre en œuvre des solutions « cousues de fil blanc » sera à refréner.

En teinte de fond, l’idée absurde qui n’apparaît pas telle : On reprend « comme avant » , comme si de rien n’était. Nécessité fait loi, chacun devra s’ajuster et mettre entre parenthèses la période de mars 2020 à juin 2021.

Il ne sera pas possible de reprendre « comme avant » , pour plusieurs raisons.

1. Plusieurs mois d’inactivité professionnelle appellent de fait un processus de convalescence voire de réadaptation.
2. La crainte d’un nouveau confinement est très largement répandue. Cela entame sérieusement d’une part le potentiel de mobilisation à la reprise et d’autre part la confiance en l’avenir.
3. Dans nombre d’entreprises, certains ont continué de travailler alors que d’autres étaient en inactivité quasi totale. Parmi les premiers certains s’estiment lésés d’avoir des collègues ayant eu les mêmes revenus qu’eux sans avoir travaillé.
4. L’équilibre vie professionnelle vie personnelle dont on nous a rebattu les oreilles depuis des lustres a été totalement perdu. Télétravail ou pas, la dimension professionnelle s’est fondue dans la dimension personnelle.
5. La communication a été modifiée dans la forme et sur le fond parce que la relation a changé. Les protocoles relationnels ont été bouleversés du fait du confinement, du télétravail, des visios ou de leur absence.
6. L’incertitude a définitivement pris racine. Elle diffuse un sentiment de « précarité » jusqu’à lors inconnu de beaucoup, d’autant que tout avait été fait pour la marginaliser.

Le management va devoir faire des efforts, notamment quatre :

1. Faire l’effort de comprendre que le modèle relationnel a changé.
2. Faire l’effort de comprendre le changement opéré dans les esprits des collaborateurs, y compris dans le management.
3. Faire l’effort d’accepter les différentes typologies de collaborateurs selon leurs vécus des derniers mois et leurs « nouvelles relations au travail ».
4. Accepter que certains aient des inquiétudes diffuses sur l’avenir, freins à l’engagement.

Ces efforts se résument en un point : privilégier la compréhension. On ne peut résoudre une situation sans la comprendre vraiment. On ne peut rétablir une relation constructive sans compréhension d’autrui.

Il ne s’agit plus d’être compris dans ce que l’on veut, souhaite, décide, mais de comprendre autrui y compris dans ses attentes implicites. Plus que jamais va s’imposer la volonté de rassurer, et ce serait une première erreur. Les propos se voulant rassurants ont très souvent l’effet inverse. Il va falloir expliquer et expliciter, repenser les modèles avec les personnes concernées.

C’est un « modèle managérial » assez peu connu et encore moins pratiqué…

• Comprendre que la donne a changé.
• Comprendre les personnes et les situations pour agir et décider efficacement.
• Accompagner pour ensuite guider.
• Intégrer la patience lucide pour faire échec au biais de préférence pour l’action.
• Fonctionner en logique de résultat et abandonner la logique d’activité.
• Travailler sur la confiance pour éliminer les peurs.
• Accepter les incertitudes, et devoir vivre avec.


Depuis des années, le présentiel a dominé. Dans beaucoup d’organisations, la « présence » a justifié le salaire, bien plus que la valeur ajoutée. Ceci est vrai autant pour les collaborateurs « de base » que les managers.

La leçon des restrictions sanitaires imposant la fermeture partielle ou totale, le télétravail partiel ou total, change fondamentalement les modèles d’organisation et de « performance » pour ne pas parler de « productivité » .

La crise économique qui se profile sera un facteur aggravant.

La valeur ajoutée des uns et des autres sur les résultats des organisations va devenir un sujet explicite et ajoutera de l’inquiétude…

Bref, les climats sociaux vont être traversés par des courants divers, et il sera compliqué de les stabiliser…

Se profilent quelques crises existentielles, individuelles et collectives… Les épreuves managériales seront nombreuses et de difficultés diverses… Ce sera aussi une mise à l’épreuve des fameuses valeurs d’entreprise… Avec une question centrale. La situation qui émerge devrait-elle conduire à ajuster les valeurs ou au contraire à les renforcer ?

En vous souhaitant une réflexion sereine,

Bien cordialement,

Gérard D Carton

« Que celui qui n’anticipe pas se prépare à gémir »
Léonard de Vinci
GDC

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Gérard-Dominique Carton- La lettre du GCCG © Mai 2021