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Leadership & rejet

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Pour beaucoup, un sentiment frustrant, démotivant et anxiogène est celui d’être « rejeté » .

La crainte d’être rejeté conditionne plusieurs comportements dont certains, paradoxalement, ont l’effet inverse du but recherché.

Le premier mécanisme intuitif de défense pour éviter d’être rejeté est de ne pas prendre le risque de l’être et d’adopter des comportements de réserve, retrait, passivité. Cette stratégie relationnelle génère au mieux de l’indifférence, mais le plus souvent de la réserve voire de la méfiance ou de la froideur en retour, de l’environnement. La réserve est en outre souvent assimilée à de l’arrogance.

De fait, on évite de prendre des initiatives, de proposer, d’agir sans invitation ou directive (implicite ou explicite).

On s’inscrit alors dans la conformité à l’environnement et se soumet aux règles et rites qu’il produit. Le cas extrême est l’entrée et le maintien dans une secte et le cas le plus courant est celui de l’inscription dans une communauté. « Tant que je fais partie d’une communauté, je suis, quelque part, accepté » .

Le second mécanisme intuitif est, à l’opposé du premier, de rejeter l’environnement et de se marginaliser. Les personnes au comportement excentrique choquent l’environnement pour mieux accepter d’être rejetées, et d’assumer cela… « Je suis rejeté parce que je le veux » est plus supportable que « je suis rejeté alors que je ne le veux pas » .

La peur du rejet est différente du besoin « d’être aimé » , et pour autant ne l’exclut pas.

Si la première est forte et le second aussi, alors la vie devient compliquée et souvent pénible, y compris pour l’environnement.

En milieu professionnel, la peur d’être rejeté et le besoin d’être aimé sont des composantes implicites rarement abordées de l’équation du leadership.

Les deux sont considérées comme des « défauts » et des « faiblesses » . Elles sont pourtant très humaines et « naturelles » .

Qu’il s’agisse d’un manager, d’un leader, d’un commercial, d’un dirigeant, les deux composantes sont omniprésentes dans nombre de situations parmi lesquelles, la conduite du changement, l’innovation, la fixation d’objectifs, la définition d’une ligne stratégique, la « vente » de solutions, produits…

Le positionnement hiérarchique aide à enfouir le dilemme.

Il est couramment admis qu’un « boss » n’a pas à être « aimé » (il existe même des personnes convaincues qu’un boss est là pour prendre des décisions impopulaires), et en outre, on ne peut que difficilement le « rejeter » .

Dans nombre d’organisation, des personnes en position hiérarchiques sont décriées en silence, voire détestées et craintes, mais « on fait avec » ou bien on démissionne.

Le fameux « se soumettre ou se démettre » est encore vivide et d’actualité. Celui qui est en position hiérarchique peut souffrir ou aimer être détesté, il est à l’abri relatif du sentiment de rejet.

Dans de nombreuses organisations, la tendance forte est de privilégier le « leadership » sur le « management » ; la hiérarchie est « gommée » au profit de l’influence, l’équation « rejet » « être aimé » prend alors une dimension critique.

L’efficacité d’un leader n’est-elle pas vue comme la capacité à être « suivi » et donc pour cela accepté et apprécié ?

Ne serait alors pas « leader » celui qui ne parvient pas à transcender sa crainte d’être rejeté et chercherait à se faire « aimer » . Mais tout cela est « implicite » , alors on parlera de sa capacité de communication, de ses compétences en « animation » , de son « charisme »

Et c’est probablement pourquoi, un trait de personnalité des leaders reconnus est d’être peu sensible ou insensible au jugement d’autrui, au moins en apparence.

Ce détachement vis-à-vis de l’opinion d’autrui sur soi est effectif lorsque ces opinions, négatives ou positives, n’ont pas d’influence sur les comportements, orientations et décisions du leader, avec toutefois une difficulté supplémentaire, celle d’avoir la capacité à prendre en compte les avis d’autrui ou au moins de leur donner l’impression qu’il les « écoute » .

Le problème, avec le verbe écouter, est qu’il a trois sens :

1. Prêter attention, prêter l’oreille

2. Obéir

3. Exaucer


Prendre un avis ne signifie aucunement s’y conformer, mais celui qui donne son avis peut légitimement espérer qu’il soit pris en compte. Lorsque ce n’est pas le cas, et cela fréquemment, l’interlocuteur peut rapidement se sentir « rejeté » , dans ses avis puis en tant que personne.

L’indifférence totale à l’avis d’autrui sur soi est assez rare ; il y a presque toujours quelqu’un dont l’opinion est prise en compte. Que ce soit un parent, un ami, un collègue, un référent…

A contrario, la sensibilité à l’opinion d’autrui sur soi est forte chez de nombreuses personnes, et cela crée une dépendance pénible.

Le mécanisme de « rationalisation » des avis négatifs sur soi vise à les rendre supportables, et le plus simple est de considérer que ceux qui nous rejettent sont des imbéciles ou des malveillants.

Lorsque l’on croise des personnes tendant à trouver que la plupart des gens sont malveillants ou stupides, on peut se poser la question de l’importance pour eux d’être aimés et acceptés et de leur capacité à l’assumer.

Ce qui est dénommé « besoin de reconnaissance » est très souvent beaucoup plus l’indice de la peur d’être rejeté qu’une attente de gratitude pour ce qui a été fait et ce que l’on a fait.

Bien cordialement,
Gerard-Dominique Carton

GDC

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Gérard-Dominique Carton- La lettre du GCCG © « Leadership & rejet »