Publié dans La Lettre du GCCG - Réflexions et humanisme - Divers
Que vous manque-t-il, suite et fin. .
Dans la précédente lettre sur le sujet, deux choses « manquantes » étaient évoquées.
Ce que l’on désire. et n’a pas, ce dont on a besoin. et n’a pas.
Un troisième élément susceptible de « manquer » mérite une place à part : ce que l’on avait et que l’on n’a plus. .
Curieusement, cet élément que l’on avait et qui peut nous manquer n’avait pour autant pas toujours toute notre attention ou notre appréciation. Ainsi en va-t-il de personnes, du bonheur, de la santé, de la jeunesse, d’un emploi, d’une résidence, d’un joujou …
Nombre de personnes ne reconnaissent leur bonheur qu’après l’avoir perdu. … Les regrets, la nostalgie, sont toujours l’expression d’une perte et souvent d’une appréciation aussi rétroactive que tardive.
Elles s’accompagnent souvent d’uchronie. , la tendance à non seulement éprouver de la nostalgie, mais à revisiter le passé et très souvent l’embellir. Ceci rend la « perte » encore plus pénible et augmente les regrets.
« L’homme riche est celui qui se contente sagement de ce qu’il a ». , dit Lao-tseu, car il a alors la conscience de son bien-être.
Ceci est contraire aux discours généralisés sur l’ambition, la progression sociale et matérielle ; ces deux-là sont pourtant souvent la fabrique aux bonheurs perdus.
Il arrive toutefois d’avoir eu pleine conscience d’un bonheur et de le perdre malgré soi. La vie est ainsi faite qu’elle comporte des accidents, des malheurs, des adversités, des erreurs et que peu de gens y échappent, certains encore moins que d’autres.
Chérir ce que l’on a, avoir conscience de sa valeur, fait partie de la sagesse que l’on peut entretenir à tout âge. Pour ceux qui ne sont pas sages, il leur reste à espérer qu’ils auront peut-être la chance d’être atteints de la maladie d’Alzheimer qui efface le passé lentement mais sûrement.
Chaque vie comporte des étapes, et il est sage de l’accepter. Chaque étape a ses avantages. et si l’on a la sagesse de les identifier plutôt que de vouloir perpétuer l’étape précédente on se porte mieux.
Une actrice appréciée devenue une dame âgée avait choisi d’habiter au septième étage sans ascenseur d’un immeuble Haussmannien à Paris. Elle avait toujours de vieux amis fidèles qui lui rendaient régulièrement visite. L’un d’eux lui demanda un jour « chère amie, pourquoi donc habiter si haut ». … Elle répondit dans un petit sourire « Cher ami, j’aime l’idée que les messieurs qui viennent encore me voir sonnent à ma porte avec le cœur battant la chamade ». …
L’essor formidable de la chirurgie plastique, en particulier chez les jeunes, est l’indice d’un refus de « vieillir ». Pourtant, la seule vraie alternative au vieillissement n’est guère attractive.
Chaque étape a ses avantages. … y compris la disparition des inconvénients de l’étape précédente…
En vous souhaitant de ne manquer de rien. ,
Très cordialement,
Gérard-D Carton