Publié dans La Lettre du GCCG - Stratégies managériales - Réflexions et humanisme - Tentative d’humour
Les effets du management toxique …
Nombre d’organisations « tolèrent » des managers toxiques. Ces derniers sont avant tout les premiers à faire des dégâts considérables en créant un environnement anxiogène et délétère. Ils « règnent » par la peur, le sarcasme, l’imprévisibilité, sont d’une exigence folle, « une main de fer dans un gant d’acier. ».
Ils sont tolérés par faiblesse morale, et très souvent parce qu’ils ont à court terme des « résultats ».
Les managers toxiques sont à l’organisation ce que la cocaïne est aux addicts.
Effet court terme galvanisant, effet long terme létal.
1- Le système. : Le plus grand risque pour les organisations tolérant des managers toxiques est de les voir se multiplier et instiller une kakistocratie. . Elle consiste en la prise de pouvoir par les médiocres et les incompétents. Rapidement, l’organisation est alors minée par l’obscurantisme viral le plus total. Le système est rodé : les managers toxiques recrutent et promeuvent les plus incompétents, s’assurant ainsi de leur loyauté sans faille. Les promotions vont à ceux qui ne démontrent aucune autre compétence que l’aveugle « loyauté » au chef. Deux irraisonnables raisons à ce type de management
En s’attachant les plus incompétents, ils ne risquent aucunement de faire de l’ombre et la dette de reconnaissance joue à plein. Leur sort est lié.
Ainsi, l’Ultracrépidarianisme. fleurit… Les uns et les autres donnent systématiquement leur avis sur des sujets à propos desquels ils n’ont aucune compétence, à commencer par le management, avec la plus grande assertivité.
Ceci fait la part belle à l’ipsedixitisme. (fait de croire vraie une assertion non fondée, parce qu'on l'a entendue dire par quelqu'un en qui on a confiance, base de la construction des sectes et groupements complotistes) puisqu’entre médiocres on se fait confiance… Les dangereux intellectuels et les experts sont mis au rencard, au placard et parfois exécutés en plein comité de direction.
Les organisations en « perte de vitesse » ont pratiquement toujours en commun la présence de managers toxiques ayant réussi leur escalade vers le pouvoir.
Cette escalade se fait en courtisant sans vergogne les personnes au-dessus et en s’attribuant tous les mérites de ses collaborateurs.
Une croyance bien partagée fait que si l’on est compétent et que l’on travaille « dur », les compétences et le travail seront, tout ou tard, reconnus. C’est un mythe dans ces organisations. Ainsi, des personnes compétentes restent-elles dans les organisations gouvernées par les médiocres… jusqu’à ce que, tous les incompétents leur ayant soufflé les promotions, elles se décident à aller voir ailleurs ou entrent dans la norme de la médiocrité.
2- L’espace-temps. : dans les kakistocraties, le temps se limite au présent. Les décisions et les priorités sont définies sur le court terme. Demain sera un autre jour. L’anticipation se borne à 24 heures. Le contrôle est incessant, la délégation inexistante (sagesse nécessaire quand on emploie des incompétents), l’exécution doit être immédiate.
L’obéissance doit être aveugle et inconditionnelle.
Dit comme ça, cela paraît invraisemblable… et pourtant cela existe bel et bien dans nombre d‘organisations. La plus célèbre kakistocratie dans laquelle le management toxique est un « must », est la Mafia. Diego Gambetta, dans ses ouvrages, le démontre avec brio.
Plusieurs organisations théoriquement « non-criminelles » fonctionnent sur des modes analogues :
• Concentration du pouvoir, absence totale de contre-pouvoir.
• Chefaillons incompétents aux ordres de la hiérarchie suprême.
• Loyauté totale et allégeance au chef.
• Gestion, décisions et priorités gouvernées par le court terme
• Valeur N°1 : Résultats financiers
• Valeur N°2 : Obéir
• Langage « guerrier » courant dans l’organisation
Le tout enrobé de belles déclarations sur l’importance de l’humain, le dialogue, la motivation et le bien-être… Sans jamais rire. …
En synthèse,
• Une organisation devient toxique lorsqu’elle emploie des managers toxiques ; un seul au départ suffit à gangréner toute l’organisation s’il n’est pas évacué.
• Les systèmes « mafieux non criminels » existent et prolifèrent dans les kakistocraties qui s’ignorent.
• Il est facile de s’ignorer en tant que Kakistocratie, l’incompétence collective n’empêche nullement de gagner des sous et l’incompétence des chefs s’accompagne très souvent de sophomanie (croyance selon laquelle il est plus intelligent que les autres, tous les autres).
Le bon côté des Kakistocraties est que le droit à l’erreur est total, une seule faute est impardonnable… la désobéissance.
La bonne nouvelle est que si votre organisation ne tolère aucunement le management toxique, elle n’a aucun risque de devenir une kakistocratie. .
En vous souhaitant le meilleur. ,
Gérard-D Carton