Groupe Gérard Carton
La passion des solutions

Petit conte de janvier...

Le Groupe Gérard Carton vous propose tous types de lectures, longues ou brèves, souvent teintées d'humour mais toujours sérieuses...

Arrivée devant l’immense porte du somptueux hôtel particulier qui dominait la baie, elle sonna. Hubert, le majordome stylé et expérimenté la salua.
• Madame, que puis-je pour vous ?
Votre maître a souhaité me rencontrer….
Hubert l’enveloppa d’un regard expert.
Vêtue avec une élégante simplicité, elle était sereine, calme, et rayonnait d’une beauté intérieure que l’on ne pouvait ignorer.
Hubert la conduisit à son « maître ».
Noyé dans ses pensées, ce dernier s’ébroua lorsqu’un toussotement discret d’Hubert se fit entendre.
• Madame me dit que vous souhaitiez la rencontrer…
Le maître scruta la dame…
• Avons-nous été présentés ?
Plusieurs fois, vos parents, vos éducateurs, certains de vos conseillers, vous ont parlé de moi et vous ont encouragé à me rencontrer… Au point que vous le souhaitâtes à maintes reprises… et me voici donc….
• Pardonnez-moi, mais qui êtes-vous ?
On m’appelle Sagesse…. *.
• Ainsi vous existez vraiment !
• *Vraiment…
.
• Depuis le temps que je souhaite vous rencontrer… pourquoi arrivez-vous seulement maintenant ?
Parce qu’il faut laisser le temps faire son œuvre….
• Quelle œuvre ?
Celle de la réflexion et du sens… Vous avez été très actif, très pris, très impliqué… Vous avez vécu votre vie tambour battant, vous avez peu souvent réfléchi « avant » les décisions, et pris du temps pour réfléchir « après » lorsque cela c’était mal passé….
• J’ai toujours préféré agir que réfléchir… Je ne le regrette pas un instant…
C’est ce pour quoi je suis ici, maintenant….
• Vous voulez m’apprendre à réfléchir ?
Je ne veux rien… rien que vous ne souhaitiez vous-même et soyez prêt à mettre en œuvre.
• Je veux être serein, vivre bien, sans soucis majeurs… Je suis riche, puissant… J’ai réussi comme l’on dit… mais une sorte de peur me tenaille en profondeur…Peur de perdre tout ce que j’ai, en biens matériels et immatériels…j’ai perdu des amis, des proches… des copains… des amours… Je pense à eux souvent, j’aimerais tant qu’ils soient encore là… et je sais que ce n’est pas possible… C’est terrible…
Vous ne pouvez pas être serein et avoir peur… Il vous faut choisir entre les deux….
• Comment ça ? Je veux être serein, je vous l’assure, et j’ai peur, mais n’y peux rien… La peur vient sans être invitée…
Croyez-vous cela ? Vraiment ?.
• Évidemment ! Je ne suis pas masochiste ! Elle m’envahit régulièrement, entièrement parfois… Elle arrive et dévaste mon jardin intérieur… Parfois même alors que tout est réuni pour que je sois heureux… Elle plane, jette de l’ombre, puis s’abat sur moi, comme un vautour sur un cadavre…
A-t-elle toujours le même visage ?.
• Non, en effet, elle est tantôt jeune, tantôt vieille, tantôt puissante, parfois discrète… mais toujours insidieuse…
La peur est en fait une grande famille, dont les membres s’invitent tour à tour, et parfois envahissent notre espace à plusieurs….
• Comment puis-je m’en débarrasser ? Est-ce possible ?
Oui, et il ne suffit pas de le vouloir… au cours de l’enfance, la peur se travestit en prudence… Elle s’insinue progressivement aidée en cela par l’entourage bienveillant… mais qui lui a déjà fait une large place… La famille peur distille et diffuse un germe, qui s’épanouit, si j’ose dire, et parvient même à être apprécié sinon encouragé à prospérer… Chez certains cela devient même une drogue, très addictive, et une motivation… D’où la difficulté de s’en débarrasser….
• En somme vous me dites que la peur fait partie de l’humain !
Non, du tout, elle fait partie de l’éducation..
• Certains humains n'auraient aucune peur ?
Oui. Les premiers sont les jeunes enfants… La peur leur est inculquée le plus souvent avec le désir de les protéger. Puis le germe grandit, se fortifie, s’incruste…ensuite les « sages » de tous âges, ceux qui ont perçu ou appris que la famille peur est le squatter du bonheur et du bien-être… et l’expulsent de leur vie….
• Comment expulser la peur ?
Lui préférer la sagesse…moi….
• Mais encore ?
Réfléchir… Que vous a apporté la famille peur ? Rien… De quoi vous a-t-elle privé ? De joies, de plaisir, parfois d’amour, de calme, de satisfactions, de projets… de confiance, en vous, en autrui… Elle fait des ravages là où je ferais des apaisements. Elle a sa suite comprenant la colère, la détestation, l’animosité, la fuite….
• Mais lorsqu’elle est là, installée, lui préférer la sagesse est-il suffisant pour s’en séparer ?
• * Oui… La peur est un fantôme…. Elle n’existe que dans notre imagination. … Imaginer le meilleur plutôt que le pire est une première étape cruciale… et l’imagination est plus forte que la volonté… .
• Ah oui, j’ai déjà entendu ça… Einstein ?
• *C’est possible, retenez surtout que d’imaginer le meilleur est la condition du succès de l’expulsion de la peur…
.
• Mais le monde est hostile, dur, dangereux… Il faut bien prendre cela en compte !
Notre monde est ce que l’on en fait…la peur l’habille de noir, la sagesse, *moi. , l’habille en Arlequin..
• Tout le monde ne peut être « courageux »…
• * Pour vaincre la peur, ce n’est pas du courage qu’il faut, c’est du discernement. …on a toujours moins à perdre matériellement que ce que l’on a à gagner en sérénité. Les biens matériels ne sont pas grand-chose, et cela il y a toujours un moment dans la vie, où on l’apprend. La sagesse, moi, dit que tous les biens matériels dont on ne peut se séparer, en réalité, nous possèdent et nous asservissent.
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• Votre plus grand bien « immatériel » est votre identité, et celle-ci est à chérir et grandir. Plutôt qu’être la somme de vos peurs, soyez celle de vos espoirs, de vos ambitions pour une vie qui prend du sens et en donne à autrui …
• Mais comment savoir vraiment qui suis-je ?
Vous êtes ce que la peur veut vous empêcher d’être..
• Cela me fait une belle jambe…
Réfléchissez… Que seriez-vous sans avoir la peur pour compagne ? …vous seriez un homme «sage ». Vous seriez en paix. Vous seriez assuré et apaisant, et donc rassurant et réconfortant…tout ce que vous n’êtes pas aujourd’hui, avec vos richesses, votre pouvoir, qui font certes des envieux, mais cela ne fait rien de bien pour les vôtres et vous….
• Devrais-je me séparer des richesses et du pouvoir pour lesquels j’ai « sacrifié » ma vie afin de devenir sage ?
Du tout… Ils vous apportent du confort, de la sécurité, qui n’ont rien d’incompatible avec la sagesse… Vous n’avez d’ailleurs pas « sacrifié » votre vie… *Vous avez simplement accordé trop d’importance au paraître et insuffisamment à Être… *. Il est temps d’être ce que vous voulez vraiment..
• Mais je ne sais pas ce que je veux…
Alors réfléchissez encore… Transformez les pensées qui vous font savoir ce que vous ne voulez pas, en pensées qui vous guident sur ce que vous devez être. *.
• Mais si je me trompe ?
• *Vous le saurez, et aurez à vouloir autrement… Mais au fond, tout est simple… Si vous voulez être «sage », prenez de la hauteur, de la distance, du recul pour bien voir les perspectives… Acceptez de faire de erreurs, ne vous accordez pas le droit à la faute…libérez-vous du jugement d’autrui… et accordez-moi de séjourner chez vous, avec vous… Je vous accompagnerai dans votre démarche d’exclusion de la peur, et ensemble nous réussirons…
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• Accordé…

Le second toussotement du majordome se fit plus insistant, et le maître s’éveilla de sa torpeur…Le dialogue lui revint en un instant ... Quelques secondes de rêve...

Il regarda sagesse, lui sourit, l’invita à prendre place à ses côtés.

La grande demeure éclairée des rayons du soleil s’en trouva embellie..

Gérard D Carton
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La Lettre du GCCG- Janvier III- Petit conte