Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Connaissances utiles - Outils managériaux - Réflexions et humanisme
Atélophobie et atychiphobie
En réalité peu connus, ces deux mots sont la synthèse du mal-être de nombre de personnes, tant sur le plan professionnel que personnel et souvent à l’origine d’états dépressifs et de burn-out.
Beaucoup d’entre-nous ont été élevés dans le culte de la compétition, « être meilleur et mieux réussir » que les autres. Les médias, les réseaux sociaux, renforcent cette approche en mettant en exergue les « réussites » les « succès » y compris de personnes qui ne brillent ni par leurs compétences, ni par leur « intelligence », et encore moins pour ce qu’elles font pour autrui. *Allo *. ?
Ainsi nombre de personnes se donnent des objectifs irréalistes et se dotent de standards disproportionnés sur leur niveau de vie, ayant comme l’état tendance à « emprunter » pour les satisfaire…
Dans le culte de la compétition, le « perfectionnisme » est une des bases. . Être parfait dans ce que l’on fait, le look, les productions, le « job »… Beaucoup d’entreprises cultivent le principe de perfection et paradoxalement promeuvent le droit à l’erreur. C’est absurde et de nature à générer de la dissonance cognitive, mais ce n’est pas le seul paradoxe.
Le perfectionnisme encouragé implicitement ou explicitement amène lentement mais surement vers « l’ultra-perfectionnisme », l’atélophobie ou peur de n’être jamais assez bien, assez bon, à la hauteur. , avec comme corollaires :
• Se juger très durement dans ses « imperfections » supposées, être très critique vis-à-vis de soi-même.
• Réagir très émotionnellement au moindre feedback ou à la moindre critique, le moindre reproche au point de ne pas les supporter et en souffrir profondément.
• Ressentir de la peur, être anxieux à la perspective de situation dans lesquelles vous pouvez ne pas être au « top » de vous-même.
• Évitement des situations et rencontres qui vous contrarient ou pourraient vous contrarier.
• Ruminer sans cesse les erreurs que vous avez commises, et continuer d’en souffrir.
• Développer une forte tendance à la procrastination.
Les Japonais ont un conseil : Wabi-sabi. traduit par l'art de l'imperfection : simplicité et attrait pour les choses qui ont du vécu et marquées par quelques imperfections. Rien n’est parfait en ce monde, sauf parfois quelques enquiquineurs qui frôlent l’entéléchie.
L’atychiphobie. est la peur de l’échec qui empêche d’entreprendre, de « faire », et de prendre le moindre risque. Elle s’accompagne « évidemment » d’une très faible estime de soi, d’une incapacité à prendre la moindre initiative, et de ce que l’on appelle communément « la malchance ». La victime d’atychiphobie a toujours des ennuis, des difficultés, des problèmes, car l’indécision est leur mère. Leur vie est « dure », « pénible », et obéit à la loi selon laquelle si l’on pense que l’on va échouer, on échoue.
Là encore, les Japonais ont un conseil : Oubaitori. , l’art de ne pas se comparer aux autres, de s’accepter dans ses imperfections, d’apprécier les petits bonheurs de chaque jour en les gravant dans le marbre et en laissant le flux et reflux effacer les petits malheurs écrits sur le sable de la plage. C’est la voie des progrès personnels, de la construction de l’estime de soi et du détachement vis-à-vis des « petits problèmes » qui gâchent la vie de ceux qui leur accordent trop d’importance.
Certains cumulent ces deux phobies. L’ultra-perfectionnisme ajouté à la peur excessive de l’échec place leurs victimes dans un état de mal-être pénible autant pour eux que pour leur entourage.
Toute réussite de personnes autour d’eux est qualifiée de « chance » et s’ils reconnaissent le travail ou les qualités d’autrui c’est pour mieux se déprécier, s’auto-dénigrer et s’auto-flageller.
Plus on essaie de les persuader qu’ils ont des qualités, des compétences, plus leur certitude de n’être pas assez bien / bon et que toute entreprise de leur part est vouée à l’échec s’enracine.
La clé consiste à progressivement leur permettre de gagner / progresser dans l’estime de soi, et selon une seule route : ce qu’ils font, non pas pour eux, mais pour autrui. .
La reconnaissance d’autrui pour leur aide, leur support, leur bienveillance, est une véritable thérapie.
Ne les plaigniez pas, donnez-leur l’occasion d’aider. …
Trois derniers points. :
• Faites toujours du mieux que vous pouvez, en toutes circonstances, et soyez indifférent au jugement d’autrui qui trouverait cela « insuffisant »… « Peu mieux faire » est vrai lorsque l’on n’est pas à son maximum.
• Aimez vos imperfections, elles sont humaines lorsqu’accompagnées de louables intentions. La vie est un long apprentissage, et l’on progresse en travaillant à progresser, chaque jour.
• Si vous devez vous conjuguer, oubliez l’imparfait et le plus-que-parfait, soyez le présent et le futur.
En vous souhaitant une agréable semaine. ,
Gérard -Dominique Carton.