Publié dans La Lettre du GCCG - Connaissances utiles - Leadership - Stratégies managériales - Outils managériaux
On en trouve encore, et pour certains c’est autant un fantasme qu’une vocation…
Le manager 007 reçoit, implicitement ou explicitement « a licence to kill » ou permis de tuer…
Il fait partie de la classe de ceux que j’appelle les « chauffards de la conduite du changement » avec quelques spécificités.
En premier lieu , sa capacité à tuer toute forme d’autonomie, d’initiative, et de réduire la latitude d’action des collaborateurs à la plus stricte obéissance, car « il sait tout » , fixe les priorités, les change sans explication ; c’est sa vision, et seulement sa vision, qui sert de guide.
En second lieu , convaincu que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, il appelle « états d’âmes » toutes manifestations de la moindre réserve sur ses décisions et instructions.
« Ne me dites pas que c’est impossible, juste que VOUS ne savez ou pouvez pas le faire » .
Ceci sous-entend (à peine) qu’il se chargera de trouver celui qui fera à votre place.
En troisième lieu , il est convaincu qu’un bon collaborateur est un collaborateur inquiet.
Rassurer c’est encourager la nonchalance. Il use et abuse du recours aux motivations négatives fondées sur la peur et le pire qui puisse arriver.
En quatrième lieu , il ne se pose pas en modèle( puisqu’il est inégalable) et préfère faire des exemples. Au moyen-âge, il aurait fait installer des fourches patibulaires, dans le hall d’entrée.
Aujourd’hui, elles sont virtuelles et électroniques. Ce sont par exemple, les mails assassins qui préviennent un collaborateur que ses heures sont comptées ou les sarcasmes en public vis-à-vis de celui ou ceux qui ne sont pas en conformité avec ses attentes changeantes.
En cinquième lieu , les condamnations qu’il prononce sont sans appel.
Le manager 007 se comporte en requin tueur, il a le goût de la chasse, y compris celle reposant sur la pose de pièges.
Il se croit un héros, est dans son esprit un fin stratège de la restructuration, de la réorganisation et de la transformation.
Il rit bien fort des sujets relatifs à l’entreprise humaine, la qualifiant de monde des Bisounours, incompatible avec les nécessités financières de rentabilité immédiate et en augmentation constante.
Sa logique est brutale, parce qu’il est convaincu que seuls les forts survivent, que tous les coups sont permis et que certains coûts sont inutiles, par exemple les coûts liés au bien-être en entreprise, (confort relatif, sécurité des personnes, ergonomie, hygiène…), hors le sien, car il veut un bureau spacieux, moderne, représentatif de son statut.
Le personnage 007 est singulier, missionné, déterminé et malin. Il sait se faire valoir, et n’est entouré, selon lui, que d’incompétents. La réussite, c’est lui. Les problèmes c’est les autres. Il s’évertue à impressionner l’entourage, et plus il monte dans la hiérarchie, plus il durcit ses méthodes, s’isole et c’est généralement ce qui organise sa perte, car, aucun 007 ne survit indéfiniment à sa stratégie dévastatrice.
C’est pourquoi on ne les trouve principalement que dans les grandes entreprises, car ils y passent plus longtemps inaperçus du top management.
Parfois ils parviennent à occuper des fonctions suprêmes, cela signe le déclin de l’entreprise, car aucune d’entre elle ne peut survivre longtemps avec un personnel tétanisé par la peur encadrés par des mercenaires.
En vous souhaitant un beau mois de juillet,
Bien cordialement,
Gerard-Dominique Carton