Publié dans La Lettre du GCCG - Outils managériaux - Divers
Re-prenez « votre » temps ?
Lorsque l’on dit de quelqu’un qu’il « prend son temps », on signifie qu’il n’est pas « pressé » et souvent induit qu’il pourrait se montrer plus diligent.
Et si ceux qui prennent leur temps avaient raison ?
Récemment interviewé sur une grande chaîne américaine, Obama a fait une réponse méritant réflexion à la question « Quel est le secret de votre réussite ? ».
« Je suis toujours à l’heure ». Cela est attesté par de nombreuses personnes de son entourage. Lorsque l’on pense à l’agenda du Président des Etats-Unis, il apparaît qu’être toujours à l’heure est plus qu’une gageure et sûrement une volonté.
Obama est, depuis longtemps, maître de son temps. En 1627, Miyamoto Musashi écrivait « La puissance du samouraï vient de sa maîtrise des rythmes ».
Beaucoup de personnes « cavalent » toute la journée, et « zappent » d’un rendez-vous à l’autre, d’une réunion à l’autre, d’un lieu à un autre, sont systématiquement et organiquement en retard, et accumulent ces retards minute après minute dans leurs journées, au point qu’elles n’ont finalement pas le temps de faire tout ce qu’il était prévu qu’elles fissent.
La non-maîtrise du temps par les uns fait en outre la désorganisation des autres. Combien de temps perdez-vous à attendre des personnes en retard ? Combien de personnes devront-elles vous attendre parce que vous êtes en retard après avoir attendu quelqu’un ?
On ne parle pas ici des retards exceptionnels dus à des circonstances particulières et réellement imprévisibles.
Peu de personnes ont conscience de la valeur du temps et du fait que chacune a un capital temps fini, voire limité en regard de tout ce qu’elles ont et auront à faire dans la vie.
Accepteriez-vous que les personnes qui vous prennent du temps viennent se servir sur votre compte en banque ?
Non, bien sûr, mais alors pourquoi les laissez-vous librement « prendre votre temps » ?
Par courtoisie, politesse, faiblesse, soumission, laxisme ?
Le temps perdu n’existe pas, il s’agit toujours de temps « gâché ». Pourquoi accepter ce gâchis ?
Accorder du temps à des sujets minimes, des futilités, ou pire, des actions contre-productives est absurde. C’est le fait de personnes qui n’ont pas d’objectifs de vie et de travail clairs et qui n’apprennent guère de leurs erreurs.
En analyse ultime il apparaît qu’il y a d’un côté ceux qui restent le plus souvent propriétaires de leur temps, et ceux qui laissent autrui accaparer le leur. Les premiers sont en minorité.
Combien de temps consacrez-vous à vos activités, vos devoirs, vos priorités ?
Combien de temps gâchez-vous ?
Quelle proportion de votre temps est sous votre contrôle ?
Quelles personnes, quelles activités vous prennent le plus de temps ? Est-ce votre choix ?
Si vous aviez « tout » votre temps que feriez-vous que vous n’avez actuellement ou depuis toujours pas le temps de faire ?
La maîtrise du temps est une question de méthode et d’état d’esprit.
L’application systématique de la méthode augmente la vigueur de l’état d’esprit.
La compréhension de la méthode passe par la prise de conscience de sa finitude et donc de sa valeur.
Le temps est la mesure de la vie ; il est aussi ce qui permet tout. Se reposer, réfléchir, travailler, s’amuser, manger, dormir, aimer. La qualité de la vie est totalement dépendante de l’usage que l’on fait de son capital temps.
Le temps n’est pas de l’argent, le temps est la vie.
Lorsque j’entends des personnes dire « je n’ai pas le temps », je les entends dire « je n’ai pas de vie ».
Donner du temps devrait être une décision réfléchie et volontaire. Vendre son temps est absurde. On ne devrait vendre que du travail, du savoir, de la valeur ajoutée, des produits.
La méthode est simple :
- Faire le bilan de l’utilisation de son temps : Le penser en termes d’investissement et mesurer le retour sur investissement. Ne rien faire d’inutile.
- Accepter de « donner » du temps à bon escient : La gestion « caritative » de son temps. Donner raisonnablement du temps a des personnes doit être utile pour elles et leur avenir.
- Refuser les « trade-off » : Consacrer plus de temps à ce qui est secondaire au détriment de ce qui est « important » pour vous, en se disant que l’on rattrapera le temps perdu. Le temps perdu l’est pour toujours. Conserver toujours le temps de sommeil dont on a besoin pour bien fonctionner.
- Savoir ce que l’on veut : Pour obtenir ce que l’on veut, il faut du temps, mais si l’on ne sait pas ce que l’on veut, ce qui est important pour soi, alors le temps fuit à la rencontre impossible d’objectifs incertains et vaporeux. Tout ce que l’on veut a un prix en temps.
- Se centrer sur la valeur et la finitude de son temps : Demain sera peut-être un autre jour. Faire aujourd’hui ce que l’on a à faire, ne pas laisser quiconque interférer avec ces choix. Cela paraît difficile, et ça l’est. Les pressions pour que l’on change nos priorités sont constantes et nombreuses, parfois très fortes. Il vaut pourtant mieux négocier un report de ce qui changerait nos priorités que ces dernières.
- Prendre le temps de s’organiser, et prévoir l’imprévisible : Commencer ou finir sa journée avec une liste précise et pour chaque item comportant un objectif de durée associée « tenable ». S’accorder du temps pour gérer l’imprévisible, être prêt si rien d’imprévu ne vient contrarier l’agenda, à consacrer ce temps à de la détente.
- Rester serein : Le « stress », fait perdre (gâcher) du temps. Sous stress la performance baisse, contrairement à ce que certains croient.
- Systématiquement évaluer la valeur du temps qui nous est demandé : En particulier, les réunions, les rencontres, auxquelles on est convié. Le temps que l’on doit y consacrer est-il justifié, valorisé ? Il n’est pas rare que l’on soit appelé en réunion d’une durée d’une heure alors que l’on pourrait n’y consacrer que quelques minutes. Cela prive d’un temps qui pourrait être consacré à des activités à plus forte valeur ajoutée.
- Avoir autant de tact que de détermination : Dire non aux accapareurs de temps avec tact et fermeté. Le cas échéant, dire le temps maximum que l’on peut leur consacrer, ne pas y déroger.
- Se fixer des objectifs de progression dans la maîtrise de son temps : Elle ne vient pas en quelques essais, elle est une longue pratique. Il faut s’y entraîner constamment, avec patience.
Un point essentiel, en synthèse : Prendre chaque jour le temps d’apprendre. Un jour où l’on n’apprend rien (pour soi ou à autrui) est un jour gâché. Ce qui donne sa pleine mesure au paradigme « Réussir ou … apprendre ».
Bien cordialement,
Gdc
ANNEXE
10 trucs pratiques pour « gagner du temps »
- Commencer sa journée par un quart d’heure de méditation dédiée à la configurer mentalement. Quelles sont les activités / réalisations essentielles à accomplir ? Etablir des priorités.
- Formuler clairement et précisément les objectifs de cette journée. (En évaluer la cohérence avec vos objectifs à moyen terme).
Se préparer mentalement et physiquement à « réussir » sa journée
- Logistique cadrée (itinéraires, contacts, confirmations de RV faites…)
- Vision « positive » de ce que l’on a à accomplir (les pensées négatives nuisent à l’efficacité)
- Dossiers / sujets maîtrisés, préparés, sus.
Prévoir d’être à l’heure, et se donner entre un quart d’heure et cinq minutes d’avance pour chaque RV. Préparer chaque RV.
- Programmer des alertes débuts et fins de RV (5 minutes avant)
- Lorsque vous travaillez sur un sujet (rédaction, analyse, conception, mais aussi en réunion), déconnectez vos appareils du wifi (smartphone, ordinateur, montre connectée).
- Prenez des notes de ce qui est dit, demandé, proposé, évoqué. Conservez ces notes en format accessible.
Relisez en mode « critique » tout ce que vous écrivez avant de l’envoyer.
- Corrigez les fautes
- Simplifiez les phrases
- Assurez-vous de la clarté de votre / vos messages
- Soyez bref
- Pensez à vérifier que l’éventuelle pièce jointe à votre mail est effectivement présente et que c’est la bonne.
Organisez vos déplacements aux heures creuses.
- Déléguez tout ce que vous pouvez déléguer, y compris ce que vous aimez faire.