Publié dans La Lettre du GCCG - Divers
En cette période de fin d’année, beaucoup feront le bilan de leurs actions et décisions passées. Certains en déduiront de « bonnes résolutions ».
Il est enseigné dans les formations basiques en management que ceux qui n’apprennent pas de leurs erreurs sont condamnés à les répéter ; les erreurs répétées s’appellent des fautes.
Il reste difficile d’apprendre de ses erreurs ; elles viennent en démenti des stratégies et des représentations de la réalité que l’on s’est faites avant de les commettre. On est toujours tenté d’expliquer les erreurs par autre chose que « l’erreur » ; les circonstances, les acteurs en lice, les imprévus, voire, la malchance.
Il est nécessaire pour ne pas reproduire les erreurs de mettre en œuvre des changements fondamentaux. Changement de conception, de représentation de la réalité, d’approche, de stratégie ; remise en cause des moyens ; acceptation de s’être « trompé ».
Ces changements ne peuvent être conçus qu’en réfléchissant avec méthode, en s’interdisant tout déni de réalité, et en se forçant à rechercher des explications qui pour aussi déplaisantes qu’elles puissent être, permettent de reconstruire une vision saine. La réflexion doit aussi être objective. Rien ne sert de s’auto-flageller ni de se déconsidérer. Ce sont de fausses barbes. Conclure que l’on est « nul » ou que l’on a été « stupide » n’aide aucunement à apprendre de ses erreurs.
Les bonnes questions pour apprendre de ses erreurs ?
- Qu’aurais-je dû faire différemment ?
Qu’est-ce qui aurait permis de réussir là où j’ai échoué (revue des moyens, des stratégies, des précautions, des risques pris, des alliances, des assurances, etc.) - Quels signes annonciateurs d’échec n’ai-je pas pris en compte ?
- Mon ego a-t-il été déterminant ? Ai-je persévéré dans une voie alors que les indicateurs auraient dû me faire changer de direction, d’approche ?
- Ai-je manqué d’humilité ?
- Ai-je trop compté sur la chance, espéré un miracle ?
- Ai-je manqué de réalisme, de perspicacité, d’écoute, de sérieux ?
Les opinions sont souvent plus fortes que les faits, mais la réalité est têtue.
La frontière entre persévérance et persévération⋆ est mince ; (⋆Tendance consistant à maintenir et à répéter d’une manière inappropriée le même type de conduite ou de réponse comportementale sans tenir compte du changement de la situation ou de la question posée); celle entre détermination et entêtement l’est tout autant.
Quand faut-il renoncer ? Quand faut-il remettre en cause ses stratégies ?
Comprendre pour cela qu’il y a deux jours de l’année où l’on ne peut rien faire. Ces deux jours sont « hier » et « demain ». Il faut renoncer lorsqu’objectivement les éléments concourant à l’échec sont plus forts et nombreux que ceux pouvant concourir à la réussite.
Il faut remettre en cause ses stratégies lorsque leur succès prévisible est improbable.
La plupart des humains sont faibles en calcul des probabilités, et pourtant ne font pas grand-chose pour vérifier leurs prévisions intuitives. Cela, souvent, parce que ce que l’on a envie de voir se produire est plus fort que ce qui objectivement pourrait se produire. Et l’on nous rabâche que lorsque l’on veut on peut, et qu’avec de la volonté on dépasse tous les obstacles. C’est souvent vrai, mais la volonté ne suffit pas, il est impératif d’avoir la bonne stratégie, incluant les moyens adaptés, et les connaissances nécessaires.
Un exemple simple.
L’intelligence est un atout maître de la réussite. Elle permet d’analyser correctement les situations, de configurer les bonnes stratégies, d’identifier les bons moyens et d’utiliser adéquatement ses connaissances. Êtes-vous une personne intelligente ?
Voici un petit test permettant de se faire une idée de la question :
Compléter la suite de chiffres : 2,4,6,8 … Chacun saura répondre et ajouter, 10, 12, 14.⋆ (⋆Cette réponse n’éclaire pas sur l’intelligence, seulement sur la connaissance de la suite arithmétique des nombres pairs).
Compléter à présent cette suite par un nombre à trois chiffres : 592 653 589...
Il n’y a qu’une seule réponse possible, et elle n’est évidente qu’à très peu de personnes. Supposons que vous soyez déterminé à trouver la solution, quitte à y passer un temps considérable. Quel niveau d’effort sera le vôtre ?
Alternativement, si vous entrez ces chiffres en recherche Google, vous aurez immédiatement la solution, 793, le cinquième groupe des décimales de PI.
Il est sûrement honorable de chercher à trouver la solution par soi-même, mais en l’occurrence, dans cet exercice, seule la connaissance des décimales de PI est en jeu pour trouver la solution. La stratégie « intelligente » consiste à aller chercher la solution.
Certains considèrent qu’il y a là recours à la facilité. Dont acte. Beaucoup lient « intelligence » et « complexité », croyant que l’intelligence est la capacité à résoudre des questions complexes. En réalité, l’intelligence est plus sûrement la capacité à simplifier les choses complexes, et à apporter des réponses aussi justes qu’intelligibles.
En synthèse, reconnaître que celui qui n’a pour alternative que « réussir ou échouer » aurait tout à gagner en abordant l’alternative entre « réussir ou apprendre », développant par là ses connaissances, ceci lui permettant de choisir la simplicité sur la complexité, et de renforcer son intelligence globale portant sur les situations, les personnes, les moyens à utiliser, et les décisions stratégiques.
Le secret de la réussite a été révélé il y a bien longtemps déjà, « Connais-toi toi-même ».
Se connaître est connaître ses limites ; savoir qu’elles sont temporelles, que l’on peut les repousser, en apprenant, en s’entraînant, en se perfectionnant, mais aussi qu’elles peuvent s’abaisser en vivant sur ses acquis, sans s’astreindre à les entretenir.
Une erreur souvent répétée est de croire que les acquis et les talents perdurent sans effort. Elle en génère beaucoup d’autres, parce qu’elle est la cause de nombreuses régressions.
Un dernier point, l’alternative à formuler lorsque l’on a appris à se connaître est sans doute « Réussir et Apprendre ». Comprendre et expliciter le processus qui nous fait réussir (Stratégies + moyens + intelligence), de sorte qu’on le perpétue.
Bien cordialement, avec mes vœux de succès pour une belle année 2016.
GDC