Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Leadership - Stratégies managériales - Réflexions et humanisme
Je lis beaucoup de posts, d’articles, dans lesquels le management est objet de conseils approches et recommandations…
J’y trouve rarement le mot « sagesse ».
Peut-être par humilité, pour n’apparaître pas « présomptueux » …peut-être parce que la sagesse est du domaine « philosophique » et que le management se veut dans l’action…
Et pourtant, agir sans sagesse est une des plus sûres façons de rencontrer les murs de l’échec, du désastre, de l‘infortune…
Sagesse n’est pas donnée à tout le monde, dit-on. En fait, la sagesse n’est jamais « donnée », elle s’acquiert dans l’effort, l’instruction, l’humilité, la patience, la volonté de raisonner, l’approche méthodique et en dominant un biais psychologique trop souvent ignoré, la préférence pour l’action.
Ce biais est à la source de nombreux « problèmes » …
Mais notre époque encense l’action, dénigre l’inaction, et dédaigne les « penseurs » … hors celui de Rodin.
La vie de chaque homme contient des « actions » qui l’ont conduit dans des situations pénibles, difficiles, qu’il eût pu ne jamais connaître s’il avait juste réfléchi quelques minutes, parfois quelques secondes avant d’agir.
Notre cerveau a la capacité de traiter dix mille informations à la seconde. Il n’est besoin que de peu de temps pour correctement décider plutôt que de privilégier l’action.
N’avoir pas (pris) le temps de réfléchir oblige à trouver du temps pour défaire et refaire ce qui a été mal fait, lorsque c’est possible et il n’est pas rare que ce ne le soit pas. Certaines erreurs sont irrévocables.
L’ego cousine avec la préférence pour l’action… Il est certain que pour exercer des fonctions managériales il faut un ego permettant de se positionner face aux défis de cette charge. On n’est toutefois pas contraint de laisser l’ego manager à notre place, notamment dans les situations critiques.
Contrôler son ego plutôt que de vouloir contrôler tout son environnement est une bonne piste vers la sagesse.
Cela permet d’être (mieux) en contrôle de ses émotions, en particulier des émotions négatives qui font toujours agir inconsidérément.
Ainsi donc, au début de la sagesse, il y a l’effort. Aucune chance d’être « fort » sans effort. Et l’effort consiste souvent à contrarier son attirance pour la facilité et à gérer ses frustrations.
Puis la patience, tout vouloir tout de suite ou très vite ouvre une voie royale à la préférence pour l’action et parfois à la délinquance.
L’instruction vient alors comme guide vers la sagesse. Il est préférable d’apprendre avec soin plutôt que d’apprendre à ses dépens et ceux des autres. Il faut de l’humilité pour apprendre correctement. Ceux qui pensent n’avoir rien à apprendre se trompent lourdement et en paient le prix un jour ou l’autre.
Enfin, la méthode : Kant nous dit que les vraies richesses sont dans les méthodes. Il n’a pas dit que des sottises.
Même pour ouvrir une boite de conserve, la méthode prime sur l’action.
Accessoirement, « être sage » surtout dans la jeunesse, est considéré comme « ringard » et « tristounet ». Au contraire, « prendre des risques », « s’autoriser des folies », « galoper sur les chemins de l’exubérance », « ne rien prendre trop au sérieux », en oubliant ponctuellement les limites de la légalité, est considéré comme humain, voire estimable.
La sagesse est pourtant le meilleur outil dont on peut s’équiper pour être un « bon » manager, car elle est la synthèse de l’écoute intelligente, de la réflexion avancée, et de l’équilibre émotionnel.
Adopter la sagesse, en faire une alliée sûre, se détacher du paraître pour fondamentalement être..
En vous souhaitant un sage mois de février,
Bien cordialement,
Gérard-Dominique CARTON