Publié dans La Lettre du GCCG - Connaissances utiles - Réflexions et humanisme - Divers
L’empathie a définitivement remplacé la gentillesse par trop associée à la faiblesse, voire la naïveté, cousine de la nigauderie.
« Il manque d’empathie » signifie qu’il est égoïste, égocentrique, avec des tendances à la froideur.
« C’est pas bien… »
L’empathie est élevée au rang de qualité N°1 pour les leaders, et son « manque » est diagnostiqué pathologie N°1 chez les managers.
Il serait incongru d’espérer que les leaders fussent gentils, et que les managers le fussent aussi.
Par le passé (lointain), la gentillesse. était synonyme de noblesse. Un gentilhomme était apprécié pour son sens de l’honneur, sa grâce familière et par son respect délicat des convenances dans ses rapports avec autrui …
Les temps ont changé.
Gentil, est passé du stade de qualité à celui de faiblesse… « Il est gentil » se dit d’une personne qui est d’une naïveté un peu ridicule. Bien sûr son prétendu synonyme en trois lettres est bien plus courant, même si le mot « sot » n’est pas le plus entendu.
Alors la nature ayant horreur du vide, la bienveillance eut de belles journées devant elle. Élevée au rang de « valeur », bien au-delà de son sens premier, indiquant des dispositions favorables à l’égard de quelqu’un, elle est devenue un impératif utile pour accepter, voire encourager, le droit à l’erreur.
Mais, un peu trop utilisée, usée, il fallait lui trouver une remplaçante…
Arrive alors l’empathie, bien plus laïque que la compassion.
C’est chic, suffisamment « psy », totalement conceptuel, et paradoxalement contemporain en la période tumultueuse dans laquelle toute violence est qualifiée « d’inouïe ».
Définie comme la capacité de se mettre intuitivement à la place de son prochain, de ressentir la même chose que lui, de s’identifier à lui, sans porter de jugement, elle exclut l’insensibilité, l’indifférence et le flegme.
Il semblerait, de nos jours, que plus les malheurs sont petits, plus il convient de faire preuve d’empathie… Ce qui reste la meilleure façon de rendre les gens autocomplaisants, moroses et finalement malheureux, ce que nos très anciens appelaient des « guignards » (personnes malchanceuses) :* « le guignard souvent est geignard, et le geignard toujours guignard ».*.
Le choix doit donc se faire entre « insensibilité » et « sensiblerie ».
La pression ambiante est puissante. Toute personne que ses épreuves contrarient devient une victime qu’il conviendrait de plaindre sans quoi l’on manquerait d’empathie. Comme il est reconnu que les sociopathes et les psychopathes ont en commun une absence totale de capacité d’empathie, l’indifférence aux petits malheurs fait prendre le risque d’un diagnostic sévère.
La question est donc posée : doit-on être empathique en fonction de la gravité du ressenti de notre interlocuteur ou indépendamment de celle-ci dans notre expérience ?.
Bien cordialement,
Gérard-D Carton