Publié dans La Lettre du GCCG - Réflexions et humanisme - Divers
Le mythe de la confiance ?.
Les articles sur ce vaste sujet de la confiance prolifèrent…
Les discussions tous azimuts sur le sujet, « confiance », se tiennent et digressent, depuis celle dont ne bénéficient pas les gouvernants, les candidats aux élections, les laboratoires, certains scientifiques, les managers, jusqu’à ceux qui en sont « privés » par les chefs, les collègues, la police et l’administration fiscale.
Elle est instaurée comme valeur forte, nécessaire dans les entreprises, les organisations, les familles, la relation avec les soignants et les relations humaines et sociales en général…
Deux questions se posent :
1. La confiance est-elle un mythe ?
2. La confiance en soi est-elle un Graal ?
Un mythe, représentation idéalisée, est caractérisé par son décalage avec la réalité. « Faire confiance », « avoir confiance » est en fait une attitude se traduisant en comportements. L’interprétation des comportements est aussi subjective que culturelle. Les « preuves » de confiance et de méfiance varient d’une culture à l’autre.
On associe souvent confiance et trahison. On entend dire que « la confiance n’exclut pas le contrôle »,. une pirouette au mieux, une sottise au pire. L’abus de confiance est du domaine du pénal ; l’excès de confiance envers autrui est du domaine de la naïveté, l’excès de confiance en soi de celui de la suffisance.
Il en ressort que la confiance est avant tout un « concept », un état d’esprit fondé sur l’image que l’on a d’une personne morale ou physique, ou d’un groupe..
Le concept confiance a pour « réalité concrète » l’absence de peurs, d’appréhension et de circonspection dans une relation.
*« Tant que je n’ai pas peur de toi, je peux te faire confiance ». *. Mais cela ne suffit pas. Il y a des personnes dont on n’a pas peur et auxquelles on ne fait aucune confiance.
La confiance s’établit sur la base des comportements d’autrui, de leur prévisibilité, de leur constance, de leur cohérence, et de leur sincérité, mais aussi, très souvent, de leur statut, de leurs « antécédents », de leur réputation, et de leurs qualités relationnelles, en premier lieu « l’ajustement à autrui ». C’est d’ailleurs sur ce point que les escrocs gagnent la confiance d’autrui sans aucunement la mériter.
En poussant la logique de ce qui précède jusqu’au bout il ressort deux constats :
• On peut faire confiance à autrui jusqu’à ce qu’il nous trahisse
• On peut avoir eu raison de faire confiance à quelqu’un tant qu’il ne nous a pas trahi jusqu’à sa mort ou la nôtre.
Cela « sonne » cynique, mais en fait, parce que les contextes, les situations changent, les personnes évoluent et les relations aussi.
La confiance est par nature « intuitive », et nous ne connaissons jamais complètement nos interlocuteurs. Ce sont deux causes principales de l’établissement, mais aussi de l’altérabilité de la relation de confiance.
La confiance est un chèque en blanc sur le compte du passé tout en faisant un pari sur l’avenir..
« Faire » confiance nécessite de prendre un risque. C’est pourquoi l’on entend plus de déclarations de confiance que l’on voit de réels comportements de confiance.
Seuls ceux à qui nous faisons confiance peuvent nous trahir.
Ce qui amène la seconde question…
la confiance en soi est-elle un Graal ?.
Je reçois de plus en plus souvent des sollicitations m’invitant à suivre des visioconférences pour améliorer mon niveau de confiance en moi, voire m’amener à cet état quasi mystique de parfaite confiance en moi. Les titres accrocheurs sont pleins de promesses implicites, en outre c’est « gratuit », mais probablement pas désintéressé….
Nombre de personnes déclarent manquer de confiance en elles, nombre de personnes ont des comportements trahissant le « doute de soi » dans certaines circonstances. Les atermoiements, les hésitations, le doute explicite de soi, mais aussi la prudence, une forme exagérée d’humilité, affectent certaines personnes…
Mais est-ce important ? Après tout, errare humanum est…
Il y a tout de même plus d’accidents et de graves erreurs causés par un excès de confiance en soi que l’inverse..
Au demeurant, la confiance en soi que l’on perçoit parfois chez autrui est souvent une façade, du « paraître, une « attitude », plus qu’une réalité.
Le bon niveau de confiance en soi est à la portée de chacun, car il dépend uniquement du développement d’une éthique humaine à l’épreuve des turpitudes..
Savoir que l’on sait moins que ce que l’on ne sait pas, accepter d’être en « construction » jusqu’à son dernier souffle, raisonner honnêtement, se méfier des stéréotypes, accepter les erreurs d’autrui, s’interdire d’être « parfait », s’exprimer quand il le faut, comme il le faut, être capable d’entendre les désaccords d’autrui sans pour autant les laisser influencer notre éthique…
Et avant tout, tout en étant capable d’entendre des conseils, ne jamais se laisser influencer par les jugements d’autrui sur nous.
N’a pas confiance en lui celui qui veut plaire à tout le monde, car il devient caméléon, animal fragile à l’espérance de vie aussi courte que colorée.
La confiance en soi se bâtit sur sept considérations simples :.
1. Être conscient de notre capacité à réfléchir, analyser les situations, décider sereinement.
2. Toujours prendre le temps de réfléchir, il ne faut parfois que quelques secondes, avant de prendre position, répondre, décider, agir.
3. Assumer le chemin parcouru depuis notre enfance, avec ses erreurs et ses succès et prioriser dans nos souvenirs nos « bons moments » plutôt que les « fâcheux ».
4. Être averti de l’insignifiance de la reconnaissance ou ingratitude d’autrui et de l’importance d’être en harmonie avec notre conscience.
5. Rester humble devant les défis de la vie, grands et petits.
6. Adopter la modération dans notre vie quotidienne, y compris dans nos promesses.
7. Faire du doute raisonnable un ami et de nos erreurs une source d’apprentissage et de progrès.
La confiance en soi permet d’être raisonnablement optimiste, dans son sens profond, à savoir avoir confiance en l’avenir.
Comprendre que l’on sera toujours à la hauteur des situations si on le veut, et que l’on pourra avoir besoin d’aide pour y parvenir. Savoir demander de l’aide quand il le faut, est être adulte..
Et in fine, il faut, pour avoir raisonnablement confiance en soi, *s’aimer un peu. *. Pour cela, avoir quelques raisons d’être fier, s’en souvenir, se savoir fiable pour autrui, rester calme dans la tempête le plus souvent possible, et être maître de son ego.
Accepter que des personnes ne nous aiment pas, ou ne nous aiment plus, pour des raisons que nous ne sommes pas obligés d’avaliser et qui leur appartiennent.
C’est donc assez simple….
C’est en ses ailes que l’oiseau à confiance, pas en la branche sur laquelle il est posé.
En vous souhaitant un agréable et confiant mois de janvier,
Bien cordialement,
Gérard-Dominique Carton