Groupe Gérard Carton
La passion des solutions

La lettre du GCCG- Mars 2022- II- Poules...

Le Groupe Gérard Carton vous propose tous types de lectures, longues ou brèves, souvent teintées d'humour mais toujours sérieuses...

*Métaphysique platonicienne des poules et de leurs dérivées.: *.

L’homme de ce siècle, très souvent citadin, moins souvent contadin, sauf lors de quelques fins de semaine, limite le plus souvent sa réflexion sur les poules à ce qui lui semble être des évidences et qui, pourtant, est plutôt des indices de l’intergalactique dimension métaphysique de la vie de ces êtres inextricablement liés à l’humanité dans son ensemble. Les questions sur l’existence des poules, et ce substantif féminin recouvre d’innombrables typologies, méritent plus de considération, de réflexion et d’analyse que beaucoup de celles dont on débat dans les nobles ainsi auto-proclamées assemblées.
La question la plus connue, souvent posée comme une énigme pour adolescent prépubère : « est-ce l’œuf qui a fait la poule ou la poule qui fit l’œuf ». , a été traitée par Aristote, puis par de grands esprits pendant plusieurs siècles, abordée contradictoirement par Diderot et enfin définitivement résolue par John Brookfield et David Papineau, le tout résumé pragmatiquement par Richard Dawkins : l’œuf a scientifiquement, génétiquement, précédé la poule.. Pour les adeptes de l’innovation, reprendre la pensée selon laquelle « l’œuf, en devenant poule, a trouvé une autre façon de faire un œuf ».

La question suivante a connu un regain d’intérêt lorsque des Américains ont transgressé le stéréotype selon lequel la différence entre un américain et un yaourt est qu’en température ambiante et en quelques jours le yaourt développe une forme de culture : « Pourquoi la poule traverse-t-elle la route devant les voitures ? ».

Venue des USA la réponse évoquée plus loin a changé la vision simpliste de la poule qui ne fait que traverser.

Question hautement philosophique notamment si on la pose juste après en avoir écrasé une…
Il est clair qu’en ce cas la réponse traditionnelle, « pour aller de l’autre côté de la route ». est en berne, car elle a pour corollaire, l’échec, la poule n’étant pas arrivée à son but, et qu’en logique déterministe si la poule n’est pas arrivée de l’autre côté, ce n’était donc pas sa destinée, et par définition son intention.
Alors apparaît la dimension profonde du raptus de la poule qui traverse… Aller de "l’autre côté" devient l’autre côté de la vie… La poule qui traverse est fondamentalement suicidaire.. Mais pourquoi une poule serait-elle suicidaire ? Parce qu’elle a compris pourquoi on l’élevait ! Quelle est sa destinée décidée par l’homme ? Pondre tant qu’elle le peut, et puis finir en broche ou au pot….
La poule qui a compris qu’elle sera exploitée jusqu’à ce que sa mise à mort s’en suive, décide de traverser, pour aller de l’autre côté, trouver le repos éternel, et échapper à un destin fatalement culinaire. C’est une héroïne révolutionnaire moderne. , montrant à l’homme qu’elle a compris ; alors que lui, au volant de sa voiture à crédit, est voué à un esclavage consenti, pour payer ses factures de fin de mois et ne comprend pas la portée de la « fracture de fin de Moi ". de la Poule.

Une question culturelle porte sur le gloussement de la poule… Pourquoi la poule glousse-t-elle ?
En fait, la poule ne « glousse » pas, elle claquette quand elle va pondre, caquette quand elle pond et crételle lorsqu’elle a pondu. La poule a un langage et une prosodie.. Elle n’est pas cet ignare tas de plumes que déconsidèrent ceux qui le sont fondamentalement. Et c’est pourquoi, très probablement, les poules ont donné naissance à des typologies métaphoriques, car de leur statut d’esclaves à celui d’insurgées elles composent des êtres inspirants pour notre société. En témoignent quelques expressions par lesquelles elles constituent à la fois un raccourci décapant et une synthèse magistrale.

Être une mère poule. : veiller sur les siens. Cela n’empêche pas les omelettes dont les cyniques (pragmatiques) nous disent que l’on ne peut en faire sans casser des œufs et appliquent joyeusement cette expression aux dégâts humains occasionnés par des changements mal conçus, dans lesquels les humains sont réduits à une variable d’ajustement.

Expression qui prépare évidemment la suivante ...

Courir comme une poule étêtée.. S’agiter sans but de façon erratique… Illustre parfaitement la préférence pour l’action, ce biais psychologique qui affecte les personnes confrontées à une situation difficile dans laquelle elles devraient privilégier patience et réflexion. Et pourquoi ne pas décider de « se coucher avec les poules ». tant il est vrai que la nuit porte conseil ? … Pour ensuite « se lever avec les poules ». comme le font depuis la nuit des temps ceux qui croient. que la fortune appartient à ceux qui se lèvent tôt… À ce sujet, petite anecdote probablement apocryphe sur Socrate, qui, adolescent, aimait à flemmarder au lit le matin… Sa mère demanda à un professeur de lui faire la morale… Il le fit en storytelling comme l’on dit à présent…
Socrate, laisse-moi de conter une histoire et tu me diras ce que tu en conclus…un oiseau intelligent se réveille tôt et part chasser tous les matins… Il attrape toutes sortes d’insectes pour se nourrir et nourrir sa famille qui se porte alors bien… Son voisin flemmarde et ne part chasser que bien plus tard… ne trouve rien… Qu’en conclus-tu Socrate ?.
« J’en conclus que les insectes qui se lèvent tôt se font tous croquer par les oiseaux intelligents... ».

Autre façon de voir et conclure…:

On ne peut longuement parler de poules sans parler de Bresse…
Libération avait, il y a quelques années consacré un article aux poules de Bresse…

En Bresse, la volaille élevée au grand air, dorlotée aux céréales et au lait, épilée à la pince et coiffée au sèche-cheveux mène une vie de poule de luxe et de bête à concours..

Terminons donc sur les « poules de luxe ». qu’il ne faudrait surtout pas confondre avec les poules aux œufs d’or. … quoique la vague d’influenceuses présentant des analogies avec les poules de luxe, prenne une dimension « vague tueuse » dans l’océan des réseaux sociaux, vantant les mérites de crèmes et autres subterfuges à la beauté, la santé et au bien-être…elles sont un défi à l’intelligence, mais rapportent gros aux marques qu’elles promeuvent…
Elles se regardent chaque matin et chaque soir, dans le miroir des vanités qui leur dit voluptueusement « tu es la poule aux œufs d’or ». … Expression faisant revivre, l’espace d’un instant, l’œuvre de Monsieur de La Fontaine…

Bonne semaine,

Gérard-D Carton 001@gcarton.com 07 60 07 31 67

Gérard-Dominique Carton- La lettre du GCCG © Mars 2022 - II-