Publié dans La Lettre du GCCG - Stratégies managériales - Réflexions et humanisme - Divers
De nombreuses réflexions sont partagées autour du « sens » du travail, mais aussi autour de sa rémunération, et des gains qu’il procure.
Ces gains assouvissent ou pas les besoins, le sens que l’on trouve à son « travail » motive, et son absence « démotive ».
D’où cette simple matrice
Elle pointe vers des typologies de professions, métiers, mais aussi des typologies de personnes en fonction du sens qu’elles trouvent ou pas à leur « travail » et du niveau de satisfaction procurée par leurs revenus.
Gagner beaucoup d’argent dans un job inepte interpelle autant que d’en gagner peu dans un job exaltant, surtout pour l’entourage.
L’idéal serait que chacun se trouve dans la case « Bienheureux », en haut à droite. Ce n’est manifestement pas le cas. Il semble que statistiquement, une majorité de personnes se trouvent dans la zone « Résigné », avec un job moyennement satisfaisant et des revenus améliorables.
Il existe un bon nombre de « missionnaires », des personnes qui aiment leur métier, leur travail, mais dont les revenus sont insatisfaisants. Souvent les métiers dits de « vocation ». On trouve plusieurs « métiers » dans la case « mercenaire », dont les bénéficiaires sont largement rémunérés, mais dont le job n’est pas chargé de sens, ni pour autrui, ni même parfois pour eux. (Une sous-branche des mercenaires est constituée par les placardisés, une autre par les bénéficiaires d’une sinécure)
À la base, le « drive » prioritaire personnel vers le sens ou vers les revenus, tout un chacun aspirant à se trouver dans la case « bienheureux » … Faire un métier qui plaît, qui a du sens, et qui est correctement rémunéré.
Le « quiet quitting » dont on parle trop trouve principalement ses adeptes dans la zone centrale, un job « OK », mais dont le sens n’est ni évident ni constant, et la rémunération peu enthousiasmante. Ils se résignent avant parfois d’envisager une « rupture conventionnelle » et tenter de changer de métier.
Les Entreprises et organisations orientées « humain » ont l’ambition de n’avoir que des bienheureux à leur service et celui de leurs clients.
Les Entreprises et organisations orientées « profits à tout prix » essayent sans le dire d’avoir un maximum d’esclaves et de missionnaires.
Les grands corps d’état et certaines grandes entreprises sont réputés pour accueillir / fabriquer des mercenaires, des « placardisés » et des « sinécuristes ».
Dans chacune des typologies, l’équilibre ou son absence entre « gain » et « sens » conditionnent les comportements, les attitudes, et la performance.
Chez les bienheureux, les caractéristiques suivantes dominent : enthousiasme, engagement, performance, dynamisme. Elles disparaissent avec la réduction progressive du sentiment de satisfaction et /ou de sens du travail. Alternativement, partant de la typologie d’esclave, elles augmentent avec la satisfaction et le sens.
La notion de « gain » et le concept de « sens » sont relatifs et subjectifs.
• « On est toujours l’esclave ou missionnaire de quelqu’un et le mercenaire, sinécuriste ou placardisé de quelqu’un d’autre ».
• « Un bienheureux peut être un missionnaire qui s’ignore et inversement »
C’est aussi pourquoi beaucoup de personnes sont en typologie « Résigné », dans laquelle enthousiasme, engagement et dynamisme « moyens » font une performance moyenne.
Certaines fonctions de l’entreprise sont déterminantes de la typologie des collaborateurs. Grand chef à plume bien sûr, mais aussi DRH, CFO, COO, et toutes les fonctions organisation, process, etc.
Interviennent en outre les « rituels » de l’organisation, parmi eux la réunionite. Nombre de managers ont pour principale activité « être réunis et réunir ». Sachant que nombre de réunions se concluent sur la fixation de la date de la réunion suivante, et qu’elles durent en moyenne une heure, pour trouver du sens à cela il faut beaucoup de bonne volonté ou d’imagination. Évidemment si l’on est grassement payé, à défaut d’être « bienheureux » on devient « mercenaire ». (Il n’échappera à personne que les esclaves sont soit astreints à subir la réunionite, soit victimes de la stratégie du producteur de champignons de Paris).
Quelques considérations :
• Un CEO résigné ou mercenaire fabrique une armée de résignés et d’esclaves.
• Un manager « résigné » fabrique au mieux des collaborateurs résignés.
• Un manager n’a pas toujours la main sur les salaires, ni même les « primes », mais il a le plus souvent la main sur le « sens » du travail de ses collaborateurs. Cela présente le risque de fabriquer des missionnaires.
En synthèse, « vouloir » avoir des bienheureux dans son organisation est insuffisant, encore faut-il les recruter et les fidéliser.
• Recruter des personnes qui aiment travailler et qui aiment ce qu’elles auront à faire dans l’organisation. Ne jamais « survendre » le poste.
• Correctement rémunérer l’ensemble des collaborateurs et veiller à l’équité de la politique salariale.
• Organiser le travail en s’assurant qu’il a du sens, et que ce sens est connu, voire apprécié, des collaborateurs. Le travail devrait avoir du sens en soi, et non en fonction de la rémunération qu’il procure. Lorsque le « pourquoi » ont fait son travail se résume au salaire, on a au mieux des « résignés », souvent des « mercenaires ».
• Organiser des progressions de compétences et des évolutions de postes, ouvrir toujours des perspectives sérieuses et intéressantes.
• S’assurer de ne jamais tolérer des pratiques de management toxique dans l’organisation et de traiter les maladresses assimilées à ce type de management.
• Entretenir un climat social « serein » et une ambiance générale « positive ».
Lorsque l’on ne se trouve pas dans la case « bienheureux », se poser les bonnes questions :
• Comment ajuster souhaits financiers et intérêt du travail ?
• Comment donner / trouver plus de sens à mon travail ?
• Comment équilibrer mes ambitions financières ?
La société de consommation qui est la nôtre véhicule constamment des représentations du bonheur conditionnées par la possession de biens matériels souvent extravagants et de richesse financière. La réussite culmine dans le « m’as-tu-vu » …
En vous souhaitant d'être "bienheureux". ...
Gérard-D Carton
“Quand l'ampoule succède à la lampe à huile, le tracteur au bœuf, il s'agit d'un nouveau nécessaire, qui surclasse l'ancien, hors d'époque. Mais le vison, le diamant, le caviar seront toujours superflus.”.
Hervé Bazin In Les Bienheureux de la désolation