Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Connaissances utiles - Leadership - Stratégies managériales - Communication
La volonté partagée par beaucoup de gens bien est de négocier en « gagnant-gagnant », en outre, on le ressasse à l’infini dans les « formations » et l’approche « leadership » depuis des années.
Gagnant-gagnant c’est « bien ». C’est élégant, c’est politiquement correct, pourtant…
Se souvenir que dans « gagnant-gagnant » :
• Il y a « gna-gna » signifiant, familièrement, mièvre et pleurnichard
• Ainsi que « gnangnan », signifiant, familièrement, mou, mollasson….
Cette généreuse approche ne tient pas compte d’un fait établi.
Tout le monde ne partage pas cette « philosophie », et plus on y croit plus on devient vulnérable face à ceux qui jouent systématiquement à « gagnant-perdant ». Ils sont nombreux.
Alors le résultat est toujours le même, les partisans du « gagnant-gagnant » ressortent en « perdants ».
Les règles sont simples.
• Plus on est conciliant avec les « gagnants-perdants », plus ils prennent et moins ils donnent.
• Plus on fait d’ouvertures, plus ils ferment de portes.
• Plus on est frustré, plus ils sont heureux d’en profiter.
• Plus on croit que l’on finira par trouver un terrain d’entente, plus ils en profitent pour placer la barre « plus haut ».
• Plus on a investi de temps dans la discussion, la négociation, la recherche de coopération, plus ils savent que l’on acceptera l’inacceptable parce que l’on est en pleine persévération (attitude consistant en la répétition incontrôlable d'une réponse particulière dans une situation).
Il se trouve en outre, sociologiquement, que les partisans et pratiquants du « gagnant-gagnant » sont très souvent dans le camp de ceux qui donnent (les généreux) et les gagnant-perdant dans le camp de ceux qui prennent (les égoïstes, profiteurs). Les premiers sont régulièrement idéalistes et les seconds des pragmatiques. Les premiers se remettent en cause, les seconds les remettent en cause.
Les premiers sont une espèce menacée, les seconds sont une espèce en augmentation parce que lorsque les temps sont durs, les durs s’en sortent mieux que les moins durs, du fait de leur faculté à regarder midi à leur pendule et considérer que leur survie vaut tous les sacrifices d’autrui.
Bertrand Russel a eu cette remarquable observation :« Tout le problème de ce monde est que les imbéciles et les fanatiques sont toujours très sûrs d’eux, alors que les gens plus intelligents sont pleins de doute. ".
La capacité à identifier les pratiquants du « gagnant-perdant » est à élever au rang de compétence. En particulier dans cette période où l’on nous rebat les oreilles avec l’obligation de bienveillance et d’empathie. Les « G-P » sont passés maîtres dans l’art de profiter des bons sentiments et des bonnes dispositions d’autrui. Ils savent jouer de la corde sensible lorsque leurs aboiements ne fonctionnent pas. « *Si tu ne me crains pas, plains-moi *. »… Ça marche plutôt bien… Parce que l’infini égoïsme rencontre souvent l’infinie indulgence.
Il suffit de peu de choses pour les identifier.
1-La lucidité. : le doute n’interdit pas la lucidité, et la capacité à douter de soi gagne à s’ajouter à la capacité de douter d’autrui lorsque les circonstances de coopération ne sont pas optimales et que nos « ouvertures » ne rencontrent que des portes fermées.
2- La confiance en soi. : elle s’établit sur la base de nos valeurs, de notre éthique, et de la connaissance de nos limites. Ne jamais laisser personne nous les faire compromettre.
3- L’intolérance. : choquant peut-être à lire, mais la « tolérance » devrait avoir des limites précises et « non négociables ». L’intolérance vis-à-vis des G-P les prive de leur ascendant. Ils pratiquent souvent par menace de rupture, et paradoxalement usent beaucoup de la stratégie de fait accompli. Paradoxalement, car cette approche a pour seule contre-attaque, la rupture.
4- L’acceptation de l’échec. : Un échec en coopération ou négociation est moins dommageable que l’acceptation de l’inacceptable.
5- Diagnostic. : Diagnostiquer son interlocuteur et ses approches. Des choses simples :
a. Les G-P utilisent 4 fois plus « je » que « nous » et « vous ». Leur ego est leur maître.
b. Les G-P utilisent abusivement la sémantique négative (ne croyez pas que, n’imaginez pas que, je ne voudrais pas que, etc.)
c. Les G-P utilisent la culpabilisation. (Ce sera votre faute si l’on ne parvient pas à un accord, les enjeux nécessitent que vous fassiez un effort…)
d. Les G-P font du name-dopping. Ils vous parlent des stars qu’ils ont rencontrées, des géants qui ont suivi leur avis, des personnes influentes qui sont d’accord avec eux…
e. Les G-P utilisent la victimisation lorsque les choses se gâtent, et surfent sur la compassion. Ils ont eu une enfance pénible, voire atroce. Ils ont eu et ont des malheurs à fendre l’âme. Même si ce ne sont en réalités que des bobos…
f. Les G-P sont des manipulateurs achevés. Ils savent lire vos vulnérabilités et les utilisent sans vergogne.
Stratégie. :
Différencier coopération et compromis, compromis et compromission. Refuser la pression de conformité sur le « gagnant-gagnant » et de se laisser berner par « gentillesse », « bienveillance » et « compassion ».
Souvenez-vous, on demande toujours plus à ceux qui donnent plus et toujours moins à ceux qui donnent moins. Ne soyez ni l’un ni l’autre. Soyez vous-même, avec un regard lucide sur les situations et vos interlocuteurs. Enfin, soyez indifférent aux jugements d’autrui sur vous, en particulier le jugement des G-P.
Soyez heureux qu’ils ne vous apprécient pas. .
Bonne semaine, Gerard-D Carton