La valeur des valeurs

Le sujet des valeurs d’Entreprise interpelle. On ne compte plus les Entreprises qui les publient, accompagnées ou non de slogans ou explications de sens.

Quelques constats sur les valeurs.

• Elles sont beaucoup plus souvent cosmétiques que fondamentales

• Elles viennent 99% du temps du haut de la pyramide plus que d’une réflexion partagée, y compris avec les clients.

• Elles sont plus souvent du domaine « aspirationnel » qu’opérationnel. Elles se veulent « inspirantes » , mais ne sont que rarement une réalité et parfois s’éloignent du modèle relationnel de l’entreprise.

• Elles sont ambiguës, dans la mesure où elles sont interprétables en fonction des situations. « Responsable » à plusieurs sens…

• Elles sont plus partagées en externe qu’en interne. Nombre d’Entreprises très différentes ont les mêmes valeurs, et cela malgré la course à la singularité.

• Elles sont du domaine de la communication officielle, peu du vécu.

• Elles varient entre 3 et 5, généralement.


Le top 20 des valeurs le plus souvent citées et promues (ici en ordre alphabétique) , et les plus « tendances » surlignées :


A partir de ces valeurs, la synthèse la plus communiquée est : # nom de l’Entreprise « attitude » .

Entendons par là, comme pour la « positive attitude » un slogan normatif et inductif des comportements et de la façon d’être. Cela rappelle, notamment pour les anciens, la formule « Ça, c’est Palace » d’une émission humoristique créée par Jean-Michel RIBES.

Un constat sémantique : Ce qui est appelé les valeurs de l’Entreprise est plus exactement les attentes / orientations des dirigeants et un référentiel de conduite des collaborateurs.

• Les 5 grands absents des valeurs souvent publiées :
Effort, Exigence, Réflexion, Devoir, Intelligence

• Les 2 valeurs les plus politiquement incorrectes :
Rentabilité, Productivité

• La valeur montante :
Bien-être

• La valeur interpellante :
Bienveillance

• Les plus dépassées :
Pérennité, Dialogue, Créativité, Résilience, Sincérité

• Les 4 plus fallacieuses :
Coopération, Equité, Courage, Loyauté

Question :


L’affichage des valeurs est-il efficace ?

Sachant qu’il ressort de la plupart des enquêtes terrain que nombre de salariés sont incapables de citer correctement toutes les valeurs de leur Entreprise, et qu’ils considèrent qu’elles sont peu appliquées au quotidien, ou respectées par leurs collègues, voire par le management, à quoi cela sert-il ?

Pour avoir un rôle fédérateur, unificateur, et inspirant de bonnes conduites, les valeurs devraient être connues, appliquées, explicitées par le management. Pourtant, la plupart des communications sur les valeurs sont mal reçues, mal comprises ou efficaces.

Y a-t-il une alternative pour obtenir le résultat attendu de la publication / promotions de valeurs ?

Que veut-on ?

Un corps social engagé, inspiré, se comportant avec intégrité, éthique, sens de la responsabilité vis-à-vis de la clientèle de l’entreprise, de ses collègues et de sa hiérarchie.

Exprimer des valeurs qui contribuent à cet objectif peut se concevoir et donner bonne conscience, mais il serait illusoire d’imaginer que cela suffise…

En fait la cohérence entre les comportements, les pratiques, qui forment la culture d’entreprise, est un élément clé.

Une fois le discours fédérateur prononcé, que fait-on au quotidien pour engager une dynamique constructive, responsabilisante, productive ?

Publier des valeurs ne suffit pas…

Il est impératif de leur donner corps, de les concrétiser, de les faire passer de l’état « aspirationnel » à l’état « opérationnel » .

En quoi les valeurs sont-elles importantes ?

Quelle est leur traduction en comportements ? Quels comportements reflètent l’inverse des valeurs prônées ? Quels comportements dominent, ceux en soutien des valeurs ou leur inverse ?

En fait, les valeurs affichées devraient être la synthèse de l’équation gagnante de l’entreprise.

Qu’est-ce qui fait et continuera de catalyser la réussite de l’Entreprise ?


La réponse est finalement assez simple :

L’engagement des acteurs dans une dynamique constante de prouesse pour la réalisation de la mission de l’Entreprise.


Cette dynamique est l’épine dorsale de l’entreprise. Le management a la responsabilité de créer, entretenir et modéliser cette dynamique au quotidien.

Les plus grands freins à l’instauration de la dynamique ?


L’instauration de routines, la bureaucratie, les procédures absurdes, la focalisation sur les problèmes, l’entretien de la nostalgie, la déshumanisation, les incohérences / contradictions entre de discours et les actes, les priorités changeantes, l’arbitraire au lieu d’arbitrages, l’absence d’objectifs clairs s’inscrivant dans des buts excitants, et la tolérance au négativisme exacerbé…

Les plus forts leviers de dynamisation ?


La culture de l’enthousiasme, le plaisir partagé de travailler ensemble, la valorisation et le développement des compétences et des talents, l’entretien d’un moral fort, une éthique réelle, vis-à-vis des clients et des collaborateurs, la célébration des succès, des réussites, des feedbacks constructifs, la reconnaissance des efforts, de l’implication, le soutien dans les moments difficiles, la démonstration constante du professionnalisme.

Bien cordialement vôtre,

Gdc