Publié dans La Lettre du GCCG - Divers - Connaissances utiles - Communication - Réflexions et humanisme
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément… (Boileau) :
Encore faut-il connaître les mots. …:
La richesse du vocabulaire a pour corollaire l’aisance de la compréhension des situations, des personnes et de soi. :
Lorsque je n’ai pas de mot pour décrire un état, un contexte, un ressenti, je suis frustré, car « je ne comprends pas ». Cette frustration tourne régulièrement en colère. :
Les mots sont la colonne vertébrale de la pensée : parce qu’ils servent à expliquer, ils servent surtout à comprendre. :
Ce que l’on ne sait pas pèse plus lourd dans les échecs que ce que l’on sait a de poids dans les réussites et les succès. . :
Les grands maux du management sont très souvent dus à l’absence de vocabulaire des managers.
Il est cru par beaucoup que la simplicité du langage est une qualité ; c’est vrai, à la condition que la simplicité ne s’obtienne pas au détriment de l’exactitude. Or l’exactitude de l’expression dépend totalement du niveau de vocabulaire qui permet d’apporter de justes nuances dans l’expression.
Utiliser le mot juste plutôt qu’un malencontreux synonyme approchant n’est pas sacrifier au culte du gongorisme, mais au contraire obéir à l’acribologie et donner vie à l’atticisme. :
• Gongorisme. : maniérisme d’écriture fondé sur une utilisation excessive de mots et de constructions rares:
• Acribologie. : art de choisir le mot juste, précision dans le style:
• Atticisme. : style d’un discours, d’un écrit fondé sur la finesse et l’élégance de la langue:
On est alors loin des formules courantes à base d’émoticônes et d’acronymes « modernes » moins révélateurs d’un souci de simplification que témoignages d’un désert lexical. :
Je souhaite rappeler à ceux qui trouvent prétentieux d’apporter un soin particulier à l’expression écrite ou orale et au respect de la grammaire, que les « gens du peuple » au XVII siècle, sans instruction particulière, comprenaient parfaitement les vers de Molière, par exemple : :
• “L'hypocrisie est un vice privilégié, qui jouit en repos d'une impunité souveraine.” :
• “Je hais les cœurs pusillanimes qui pour trop prévoir n’osent rien entreprendre.” :
• “Souvent on entend mal ce qu'on croit bien entendre.” :
Prétexter que nos interlocuteurs ne comprendraient pas ce qu’on leur dit si l’on utilise un vocabulaire châtié est aussi présomptueux que condescendant. C’est aussi, par facilité, compromettre leur progression dans la maîtrise d’un vocabulaire approprié et favoriser l’émergence de la misopédie, cette haine de l’instruction et de la paralalie, ce trouble de la parole qui empêche de trouver le mot adéquat. :
Les mots s’apprennent autant à la maison qu’à l’école, et surtout, s’apprennent en lisant mieux qu’en écoutant. :
Zoé Valdes nous l‘a dit “Le mot est liberté.” :
“Pour un mot, un homme est réputé sage ; pour un mot, un homme est jugé sot.” Pensée attribuée à Confucius qui nous invite au mot juste. :
Combien de ces expressions comprenez-vous ? :
Évaltonnez-vous !
Se comporter en myrmidon
Manquer de lénité dans une situation
Résister à l’épicaricacie
Être capable d’oblativité
Se guérir du syllogonisme
Faire échec aux évagations
Être enclin à l’allocentrisme
Se garder de tympaniser
Se montrer hypégiaphobe
Avoir tendance à la cryptomnésie
Avoir une prédisposition à l’oblomovisme
Faire preuve de misonéisme
Encourager les managers à l’équanimité
Pratiquer l'agonisme
Abuser de cataglottisme
S’évaltonner. : prendre un ton dégagé, s’émanciper, devant un « supérieur ».
Lénité. : Douceur, indulgence.
Oblativité. : Capacité à subordonner son intérêt personnel à l’intérêt collectif.
Évagation. : Disposition qui empêche de fixer son esprit sur quelque chose d'important. (Manque de concentration).
Tympaniser. : ridiculiser quelqu’un en public.
Cryptomnésie. : souvenir erroné d’avoir une pensée ou une idée produite en réalité par quelqu’un d’autre
Misonéisme. : Tendance d'esprit ou attitude systématique d'hostilité à l'innovation, au changement.
Myrmidon. : Désigne une personne de petite taille, insignifiante et sans valeur, généralement prétentieuse, ridicule, et qui veut paraître supérieure. Appellation littéraire du « petit chef ».
Épicaricacie. : tendance à se réjouir des malheurs d’autrui
Syllogonisme. : incapacité à se débarrasser des choses inutiles, encombrantes et obsolètes, entasser les boîtes, les stylos vides, les papiers insignifiants, les mails...
Allocentrisme. : tendance à faire d’autrui le centre de ses attentions, à l’opposé de l’égocentrisme.
Hypégiaphobe. : personne fuyant systématiquement les responsabilités
Oblomovisme. : tendance à ne rien faire et à la léthargie
Équanimité. : manifester une égalité d’humeur et garder sa sérénité en toutes circonstances.
Agonisme. : Confrontation d’autrui en respectant ses opinions et sentiments (par différence avec antagonisme)
Cataglottisme. : utilisation de mots recherchés
La langue française comporte environ 100 000 mots, un bon niveau de vocabulaire se situe à environ 35 000 mots, mais certaines personnes, notamment parmi la jeunesse, ne disposent que de 300 à 500 mots, les plus doués « caracolent » à 2000 mots. Une majorité de Français culmine à 8000 mots et n’est capable d’en orthographier correctement moins de la moitié.
Ce n’est pas en abandonnant l’usage de mots dits « peu usuels » qu’on les fera progresser.
Il existe environ 192 noms de couleurs, on peut « bien vivre » en n’en connaissant qu’une dizaine, mais pas dans tous les métiers…
L’agnotologie. (science de l’ignorance), désigne l'étude des diverses formes de l'ignorance et, en particulier, la manière dont la société la produit, l'entretient ou la propage. .
Le choix d’un vocabulaire restreint, quelle qu’en soit la raison, revient à installer l’ignorance et à l’augmenter.
Pour mémoire, le Général de Gaulle, Simone Veil, Émile Zola, Jean d'Ormesson, François Mitterrand et tant d’autres, qui avec simplicité, ont exprimé de belles et souvent de profondes pensées, de beaux concepts, sont parfaitement intelligibles de ceux qui les ont lus et écoutés sans jamais apparaître amphigouriques sauf pour ceux qui se limitent à écouter pieusement les propos de quelques personnalités du moment sur les réseaux sociaux et les médias qui donnent souvent la parole aux Nobels de la médiocrité.
Bien cordialement,
Gérard-D Carton.
PS : si vous souhaitez recevoir un lexique des mots utiles et « peu » usuels, cliquez sur ce lien :
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