Publié dans La Lettre du GCCG - Connaissances utiles - Outils managériaux - Stratégies managériales
Beaucoup font de gros efforts pour être uniques et pourtant, paradoxalement, le Besoin de Conformité est profondément ancré chez les humains.
Les expériences de Salomon Asch sont célèbres. La plus « amusante » est celle de l’homme qui entre dans un ascenseur ; les trois personnes qui le rejoignent se mettent face à l’arrière de la cabine.
Il faut moins de 12 secondes au nouvel arrivant pour que lui-même tourne le dos à la porte et s’ajuste en regardant vers l’arrière. (Cette expérience a été reprise par une émission de caméra invisible : https://www.dailymotion.com/video/xdu71z).
Le besoin de conformité authentifie la réalité de la pression normative. Elle s’exerce de façon inconsciente et d’autant plus forte qu’un nombre important de personnes constituent la norme.
Dans les corps sociaux (organisations, entreprises, voisinages, clubs, associations…) la pression normative rejoint le besoin de conformité et fait que les membres parlent, agissent et souvent « pensent » de concert.
Quelques exemples ?
• Si dans votre entourage il est fréquent d’entendre des opinions négatives sur une personne ou un groupe de personnes, la pression et le besoin de conformité feront que, si vous ne partagez pas ces opinions, vous hésiterez à l’exprimer et très souvent vous ne l’exprimerez pas. « Qui ne dit mot consent ».
• Le dress code « implicite ». Il est aujourd’hui fréquent que ceux qui portaient une cravate n’en portent plus. Le paysage à la télévision le démontre chaque jour.
• Si un groupe de personnes regarde attentivement dans une direction, on regarde dans la même direction, même s’il n’y a rien, aussi longtemps que le groupe le fait.
• On se tait dans les ascenseurs (et l’on consulte son smartphone) ; dans ce cas les autres occupants de l’ascenseur souvent font de même…). Le Besoin de conformité allié à la pression de conformité est omni présent dans les relations humaines. Une des sources les plus fréquentes de « dépression » est le sentiment d’être rejeté par un groupe. Dans l’Entreprise l’équation de la conformité (Besoin + Pression = Conformité2) fait régulièrement des ravages.
• Au sein des Groupes de travail, des « Comités » (y compris les Comités de Direction », des réunions, la conformité s’impose alors même que l’on prône l’innovation, la créativité, la libre parole, voire que l’on encourage le politiquement incorrect.
• Les personnes « non conformes », comme d’antan le fou du Roi, paradoxalement renforcent et augmentent la pression de conformité, comme si elles étaient des paratonnerres contre la foudre de la désapprobation.
• La conformité « implicite » est une des composantes des cultures d’Entreprises. « Ici c’est comme ça ».
• Les stages d’intégration sont avant tout une mise en conformité avec les « modalités » de l’entreprise, et permettent aux nouveaux entrants de se fondre dans la masse.
Les tabous sont une autre dimension de l’équation de conformité. Il y a des choses dont on ne parle pas ; tout ce dont on ne parle pas ressurgit le plus souvent sous la forme de rumeurs.
L’emprise de l’équation de conformité est puissante. La civilisation en est la preuve.
Paul Valéry disait que “Vérité est non seulement conformité, mais valeur. Ceux qui croient la posséder la possèdent ; eux seuls.”
En fait l’équation de la conformité donne ce sentiment d’appartenance, et d’être dans le vrai.
Jusqu’à ce qu‘elle fasse faire une grave erreur collective, la conformité s’impose comme vérité.
La plupart des Entreprises qui ont disparu et de celles qui vont disparaître le devront en grande partie à l’équation de la conformité. La difficulté de changer, transformer, innover en est l’évidence.
L’équation de la conformité donne la dimension de la difficulté de changer. Le réchauffement climatique, la destruction lente et sûre de la planète Terre, la pollution des océans, et plus généralement les évolutions sociétales obéissent à la loi de la conformité.
En Management, la pression de conformité fait adhérer à des thèses, des méthodes et outils parfois fantaisistes et pour certains extrêmement contre-efficients.
Rappelons-en quelques-uns :
• L’évaluation individuelle de la performance centrée sur « ce qui ne va pas » et avec obligation d’identifier des « zones de progrès », le délicat euphémisme pour « faiblesses »…
• Les procédures omnipuissantes …
• La motivation par les primes, bonus…
• Les démarches à la mode…
• La conception et la communication top-down des objectifs.
Alors quelle est l’emprise de cette équation sur vous ?
Combien de comportements / postures fondamentalement différents avez-vous selon les cercles dans lesquels vous évoluez ?
Ceci vous donne la mesure de votre conformité à la règle « ici c’est comme ça » .
Plus vous êtes « vous-même » en toutes circonstances, plus vos comportements, vos idées, vos décisions sont source d’inconfort relatif (y compris pour vous), plus il a de chances pour que vous soyez indépendant(e) de l’équation.
L’équation de conformité a fait interner les gentils fous du village …
La prochaine lettre du GCCG sera consacrée à la réduction de cette équation. Si vous souhaitez la recevoir rapidement, cliquez sur ce lien :
https://fr.research.net/r/GCCG-Let0618-II
Cordialement vôtre,
Gdc
Pour en savoir plus sur « La réduction de l’emprise de conformité »:
• Secrétariat GCCG Paris : +33 (01) 84 25 48 98
• Mail : 002@gcarton.com